Les trajectoires paradoxales de l'intégration : le cas des femmes africaines accueillies en centre maternel

DSTS = Diplôme supérieur en travail social Je suis depuis huit ans éducateur spécialisé dans un service d'accueil d'urgence pour mères avec enfants. Je constate un nombre important de femmes originaires d'Afrique subsaharienne dans les centres maternels d'Ile-de-France. Ce consta...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Courtois, Daniel
Other Authors: Beauchard, Jacques (1936-....)
Institution:CEDIAS-Musée social
Format: TEXT
Published: Université Paris 12 (Créteil)
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/11160/EE737867-E39B-4C6F-AF04-F47F0CADB203
Description
Summary:DSTS = Diplôme supérieur en travail social Je suis depuis huit ans éducateur spécialisé dans un service d'accueil d'urgence pour mères avec enfants. Je constate un nombre important de femmes originaires d'Afrique subsaharienne dans les centres maternels d'Ile-de-France. Ce constat est fait par les professionnels et par les femmes qui y sont accueillies : «Dans les foyers, il n'y a que des Noires !». Une mère feuilletant l'album photos du service commente : «Vous êtes vraiment colonisés par les Noires. » Le second constat est la récurrence d'un discours similaire adressé aux travailleurs sociaux. Nous nous trouvons en face des mêmes histoires où seuls les noms, les dates et les lieux changent. Un parcours identique est systématiquement présenté : la migration, l'hébergement chez des compatriotes à l'arrivée en France, la grossesse suivie de la rupture d'hébergement et le recours aux services sociaux. Pouvons-nous penser qu'une trajectoire similaire implique l'existence d'un même processus ? Même si les foyers maternels accueillent des mères isolées, pouvons-nous parler de monoparentalité dans ce cas de figure ? L'analyse des réseaux de solidarité qui s'incarne à travers les hébergements familiaux et amicaux nous renseignera davantage sur la dynamique qui est à l'œuvre. Le passage de l'Afrique vers la France entraine le passage d'un mode de vie communautaire, au sein d'une société holiste et hiérarchisée, à une vie organisée sur la base des réseaux au sein d'une société individualiste. Cette transition a des fortes répercussions sur la façon dont ces femmes appréhendent le monde. Par le jeu croisé du processus d'acculturation c'est un puissant mouvement d'individuation qui se met en place et qui sous-tend l'ensemble de la trajectoire paradoxale de l'intégration des femmes. Quelle place occupent les services sociaux dans ce contexte ? L'aide apportée est-elle pertinente au regard des missions ? A travers la prise en charge en centre maternel, n'y a-t-il pas imposition des valeurs d'une culture dominante au mépris du droit culturel d'une minorité ? Or, tout dispositif crée des effets inattendus et la prise en charge des femmes africaines en centre maternel n'échappe pas à la règle.
Published:2003