Manifeste de la Fédération des Comités d´Alliance ouvrière

Bemerkungen: [] = Absatzmarken im Volltext des Originals; INFORMATIONS OUVRIÈRES [] SUPPLEMENT AU N° 42 (JUIN 1968) [] Prix : 0,50 F [] MANIFESTE [] DE LA FÉDÉRATION DES COMITÉS D'ALLIANCE OUVRIÈRE [] Militants, travailleurs manuels et intellectuels, jeunes ouvriers et étudiants [] Dix millions...

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Bibliographic Details
Main Authors: Fédération des Comités d´Alliance Ouvrière, Ets Busson, impr.
Institution:Archiv der sozialen Demokratie (AdsD)
Format: IMAGE
Published: 1968
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/11088/17D3BCA3-EB4F-4C36-9248-65E3AB497795
Description
Summary:Bemerkungen: [] = Absatzmarken im Volltext des Originals; INFORMATIONS OUVRIÈRES [] SUPPLEMENT AU N° 42 (JUIN 1968) [] Prix : 0,50 F [] MANIFESTE [] DE LA FÉDÉRATION DES COMITÉS D'ALLIANCE OUVRIÈRE [] Militants, travailleurs manuels et intellectuels, jeunes ouvriers et étudiants [] Dix millions de travailleurs et d'étudiants ont engagé une des plus importantes luttes de classe qui ait déferlé sur la France. Les travailleurs sont rentrés au travail. La Grève Générale pouvait tout le 28 mai, le Gouvernement de Gaulle-Pompidou à vacillé. Et pourtant ... [] RIEN N'EST RÉGLÉ [] Pour résister à la concurrence internationale, la bourgeoisie doit diminuer ses prix de revient en abaissant la fraction du capital engagée dans les salaires. [] Pour tenter d'atteindre ce but, le capital et son Etat doivent exclure les deux tiers des étudiants de l'Université. C'est là ce que signifie la sélection. Il faut au patronat déqualifier toutes les catégories d'emploi, des cadres et techniciens aux ouvriers et employés. L'arsenal législatif est en place : Plan, Réforme Fouchet, Loi sur l'Orientation professionnelle et l'apprentissage, réforme des comités d'entreprise, réforme administrative, ne visent qu'à un but : [] - abaisser le pouvoir d'achat des masses par la hausse des prix et l'accélération des cadences. [] Concentrer, moderniser, rationaliser, mobiliser toutes les ressources du pays, afin de permettre au système du profit de pouvoir se maintenir avec son cortège de chômeurs. [] UNE GRÈVE GÉNÉRALE ESCAMOTÉE [] Aucune des garanties pour lesquelles dix millions de travailleurs, de jeunes et d'étudiants ont combattu durant plusieurs semaines en mai-juin 68, n'a été arrachée. [] Ni l'abrogation des ordonnances sur la Sécurité sociale, [] Ni les 1000 F de salaire minimum, [] Ni les 40 heures immédiates, [] Ni l'échelle mobile, seul barrage à la hausse des prix, [] Ni le contrôle ouvrier sur les prix, la production, les bénéfices, [] Ni l'ouverture des livres de comptes et l'abolition du secret commercial. [] Dix millions de travailleurs, ont fait confiance aux dirigeants pour, dans l'unité, diriger leur lutte émancipatrice. [] Avant le 3 mai, et jusqu'au 13 mai, les dirigeants ont tout fait pour isoler le combat des étudiants contre la sélection et la déchéance. [] A partir du 13 mai, avec la manifestation d'un million de travailleurs et d'étudiants à Paris, et des millions d'autres en province, protestant contre les exactions policières, les dirigeants s'efforcent toujours de freiner la généralisation de la grève. Sud-Aviation-Nantes, dès le 14 mai, débraie et occupe. [] Renault-Cléon, Renault-Flins, Renault-Billancourt, les employés de la Sécurité sociale, la R,A.T.P., s'engageront ensuite dans la grève et l'occupation, malgré les directives confédérales. [] Le 20 mai, la grève est généralisée. Elle a gagné toutes les masses laborieuses. Les travailleurs suivent avec confiance les directions. Ils appliquent les décisions : une faible fraction occupe les entreprises, les gaziers et électriciens participeront à la grève sans la rendre effective, sur ordre des organisations C.G.T., C.G.T.-F.O., C.F.D.T., C.G.C. Qui ne comprend aujourd'hui combien la grève de l'E.D.F.-G.D.F. était à même, dans la semaine du 20 au 27, de contraindre le gouvernement à capituler. [] Mais les dirigeants ne veulent pas remettre en cause le système de domination de classe de la bourgeoisie. [] Le 26 mai, les dirigeants de la C.G.T., de la C.F.D.T., de la C.G.T.-F.O., de la C.G.C., sont réunis autour du tapis vert avec le C.N.P.F. sous la présidence de M. Pompidou. Frachon, Séguy, Bergeron, Descamps, acceptent avec les accords de Grenelle, de "brader" la grève généralisée. Sans sourciller, les secrétaires généraux de toutes les centrales ont abandonné tous les préalables, le préalable de l'abrogation des ordonnances et des 40 heures, le préalable de l'échelle mobile, le préalable des 1000 F minimum. [] NE SIGNEZ PAS! [] Lundi 27 mai, Frachon et Séguy se sont chargés de faire avaler les accords de Grenelle aux métallos de chez Renault. Un seul cri unifie la résistance ouvrière à la capitulation : [] "Ne signez pas, ne signez pas l'écroulement de nos espérances!" Renault a imposé la poursuite de la grève générale. Renault et dix millions de travailleurs veulent arracher la victoire. [] Frachon et Séguy, et avec eux les dirigeants de toutes les centrales, sont obligés de reculer. Ils vont man_uvrer. Les masses laborieuses continuent à espérer : « enfin, nos responsables ont compris, ils vont agir dans le sens de nos intérêts et conduire la grève au succès ». Le mouvement de classe se consolide. [] Sur l'injonction des dirigeants, les travailleurs acceptent que ne soient pas constitués les comités interprofessionnels de grève sur le plan local et départemental. Ils n'exigent pas la formation du Comité National de Grève. Ainsi, face au pouvoir de la bourgeoisie, les responsables interdiront aux travailleurs de créer le pouvoir de la grève générale. Les responsables expliquent aux grévistes : « chaque profession doit rester isolée des autres professions, chaque entreprise ne doit pas prendre contact avec une autre entreprise ». Les travailleurs font encore confiance, ils pensent que l'unification de la grève générale peut être réalisée par les appareils dirigeants, alors que ceux-ci cherchent à tout prix à diviser, à émietter, à fractionner le mouvement général. [] De Gaulle parle le 30 mai. Il exige la capitulation des centrales et propose sa solution : les élections. [] Tous les dirigeants politiques et syndicaux ont accepté de liquider la grève généralisée afin de permettre à l'ordre bourgeois d'être protégé par le parlementarisme bourgeois. Pour Waldeck-Rochet et Mollet, Frachon et Bergeron, Séguy et Descamps, les travailleurs doivent réintégrer le plus rapidement les anciennes conditions d'exploitation. La méthode de division est au point : dans toutes les professions, les dirigeants ont engagé des négociations séparées : les banques, la Sécurité sociale, la R.A.T.P., la S.N.C.F., la fonction publique, l'Enseignement, Air France, Sud-Aviation, les chantiers navals, Renault, Peugeot, Berliet, Citroën, toutes les catégories, et professions, les entreprises, divisées, face au patronat étroitement uni avec le gouvernement. La grève générale a été disloquée, les reprises ont été imposées les unes après les autres. Les résultats revendicatifs sans être négligeables ont été diversifiés et minimisés au maximum. [] Une immense déception étreint des millions et des millions d'hommes, de femmes et de jeunes qui ont combattu dans la grève générale pour changer la vie. La rage saisit des milliers et des milliers de militants; la grève générale escamotée a été trahie. [] TENIR ET RÉSISTER [] Les bourgeois et les bureaucrates ont été surpris par la volonté de combat des dix millions de travailleurs, de jeunes et d'étudiants. Le capital et l'Etat ont eu peur. Ils se sont tournés vers les dirigeants des grandes organisations pour qu'ils rétablissent « l'ordre ». Les dirigeants ont marché. Les classes dominantes s'apprêtent à tenter de faire payer durement aux travailleurs et aux organisations la crainte éprouvée devant la montée de la grève générale, qui a été stoppée au seuil de l'effondrement du régime gaulliste. [] D'ores et déjà, dans les entreprises, les bureaux, les chantiers et les usines, les directions et le patronat attaquent. Les travailleurs immigrés, desétudiants étrangers sont expulsés. Les contrôles de police se multiplient. La bourgeoisie regroupe toutes ses forces autour de la réaction la plus sordide. Salan et Argoud ont été libérés. Il s'agit pour le grand capital de tenter de rassembler autour de "l'Ordre" les couches de la petite bourgeoisie des villes et des campagnes qui, après avoir suivi avec sympathie le combat du prolétariat et des étudiants, ne comprennent pas pourquoi les organisations ouvrières et syndicales ont abandonné le combat. Il s'agit de tenter de faire retomber sur les grévistes ouvriers et les étudiants, la responsabilité des difficultés économiques grandissantes, qui vont peser, sur la paysannerie laborieuse et les petites gens des villes, avec l'ouverture du Marché commun, la hausse des prix industriels et celle des tarifs des services publics, l'augmentation des impôts. Il s'agit de faire payer les augmentations de salaires par une élévation massive du coût de la vie et le rétablissement de la discipline du travail dans les entreprises. [] POUR LE FRONT UNIQUE OUVRIER [] La dissolution de 11 organisations décidée le 12 juin par le Conseil des ministres, suivie par l'arrestation de militants, indique clairement le chemin qu´entend prendre le gouvernement. Des masses de millions et de millions d'hommes, de femmes et de jeunes, ne sauraient accepter le sort auquel ils sont voués par la survie du système de la propriété privée des moyens de production. Des masses de millions et de millions d'hommes, de femmes et de jeunes, vont être soumises à une première étape aux coups. Elles réagiront à l'autre étape. La perspective des plus grandes luttes de classes est d'ores et déjà inscrite dans la grève générale de mai-juin qui n'a pas été battue, mais trahie. Seuls des apôtres intéressés du Capital chercheront à nouveau l'action de ¦meneurs" dans la résistance des travailleurs et de la jeunesse à l'exploitation, à la décadence et à la déchéance. [] La honte retombera sur l'infâme politique stalinienne qui après avoir appelé à la répression contre les étudiants, a salué la dissolution des 11 organisations ouvrières et de jeunesse et s'est félicitée des arrestations de militants ouvriers. Mais l'indignation ne constitue pas par elle-même une politique. L'avant-garde ouvrière, les jeunes, doivent regarder plus avant. Les bandes d' ¦Occident" qui sévissent en toute impunité, attaquent des mairies ouvriers, agressent des colleurs d'affiches, organisent des raids contre les étudiants à Orléans. [] Toutes les grandes organisations ouvrières et démocratiques, le P.C.F. et la S.F.I.O., la F.G.D.S. et la Ligue des Droits de l'Homme sont visées. « Occident » et les bandes réactionnaires chercheront à attenter au droit de réunion et à la liberté d'expression. [] Toutes les organisations syndicales, C.G.T., et C.G.T.-F.O., F.E.N. et U.N.E.F., même la C.F.D.T., sont menacées. Pour imposer leurs plans, le capital et l'Etat combattront sur tous les terrains au nom de l'ordre. Dans les usines, les bureaux, les chantiers, l'ordre : [] - c'est la loi du profit et l´exploitation, [] - c'est l'intégration par la participation à l'intéressement, [] - c'est la mise au pas des syndicats, [] - c'est la liquidation des droits et garanties ouvriers, [] - c'est la volonté de museler la classe ouvrière. [] Les travailleurs seront appelés à payer le prix de la trahison des appareils bureaucratiques. Mais la réaction bourgeoise attaquant la classe ouvrière s'apprête à pourchasser les délégués et les militants. Elle cherchera à frapper les organisations. Quel que soit le dégoût, justifié, qui envahit les travailleurs et les militants contre la politique bureaucratique, pour résister à l'exploitation, ils tourneront à nouveau leurs regards vers les organisations édifiées par la lutte de classes pour la défense contre l'exploitation. C'est là une loi de l'histoire d'où découle toute la politique de classe du Front Unique; les militants doivent assimiler cette loi dans leur chair et dans leur sang. [] TRAVAILLEURS, MILITANTS, JEUNES [] Le 16 juin 1968, a été élu à Paris le Comité national de la Fédération des Comités d'Alliance Ouvrière. Les Comités d'Alliance Ouvrière sont nés de l'effort de regroupement décidé les 3 et 4 décembre 1967, par 22 militants syndiqués de toutes tendances et non syndiqués, ouvriers et employés de la R.A.T.P., de la Sécurité sociale, et étudiants, qui avaient constaté que fondamentalement, les problèmes posés par la défense du niveau de vie, des libertés ouvrières, étaient les mêmes dans chacun de ces secteurs. A cette réunion, les 22 militants avaient décidé de préparer une assemblée plus large. [] Le 19 décembre 1967, 150 ouvriers et employés de la Sécurité sociale, de la R.A.T.P. et étudiants, se sont réunis et ont adopté une résolution qui, partant de la nécessité « d'organiser la force commune et unie des travailleurs, de la jeunesse ouvrière et étudiante», avait abouti aux conclusions suivantes : [] 1° que les syndicats réalisent l'unité. [] 2° que les travailleurs appelés à agir décident eux-mêmes des formes de lutte. [] 3° que syndicats et travailleurs se rassemblent à l'atelier, au bureau, au chantier, au plan professionnel et interprofessionnel, à tous les échelons de la localité, du département et du pays, pour décider et organiser l'action unie. » [] Persuadés que les travailleurs et les militants ne pouvaient pas ne pas réagir contre les menaces que font peser le gouvernement et le Patronat, l'assemblée des militants avait décidé : [] 1° de constituer un comité de coordination constitué par 8 ouvriers de la R.A.T.P., 8 employés de la Sécurité sociale et 7 étudiants, [] 2° de rédiger un appel aux travailleurs et aux militants de toutes corporations les conviant à s'organiser pour imposer leurs vues; [] 3° d'envisager la tenue d'un meeting ouvrier intercorporatif dans la région parisienne et en province ». [] Le 5 janvier 1968, le comité de coordination R.A.T.P.-Sécurité sociale-Etudiants lançait un appel dont nous donnons les extraits suivants : [] Le 17 mai 1967, les travailleurs et les jeunes ont démontré qu'ils étaient prêts à se battre ... [] ... Mais les dirigeants ont refusé d'organiser le combat, le seul combat que les travailleurs de France et les travailleurs parisiens voulaient mener: s'organiser dans les chantiers, les bureaux, les usines et les corporations pour aboutir à la grève générale. [] La grève générale contre les ordonnances n'a pas eu lieu. [] La grève générale pour la garantie de l'emploi et la défense du pouvoir d'achat n'a pas eu lieu. [] La grève générale pour les libertés ouvrières n'a pas eu lieu. [] A la force unie du patronat et de l'Etat, les dirigeants ont opposé une tactique de mouvements dispersés qui disloquent la volonté de combat des travailleurs. [] IL FAUT QUE CELA CESSE [] Après la journée d'action du 13 décembre qui s'est soldée par un échec, les dirigeants veulent de nouveau déclencher des grèves tournantes, dans la métallurgie, dans le textile et dans toutes les corporations. [] Jusqu'où veulent-ils aller, les dirigeants ? [] Pourquoi les confédérations se refusent-elles à préparer des actions sérieuses contre le patronat et le pouvoir ? [] Pourquoi les dirigeants des organisations siègent-ils dans les commissions du Ve Plan, qui préparent le chômage, la misère et les licenciements ? [] Pourquoi siègent-ils dans les conseils d'administration de la Sécurité sociale chargés d'augmenter les cotisations et d'abaisser les remboursements ? [] Pourquoi les centrales ne demandent-elles jamais l'avis des travailleurs pour décider, contre leur volonté, les grèves tournantes ? [] Pourquoi, alors que nous sommes des centaines de milliers dans la région parisienne, les dirigeants organisent-ils toujours les manifestations de la Bastille à la République ou en sens inverse ?. [] Pourquoi les centrales ne lancent-elles pas un appel à manifester là où siègent ceux qui détruisent les conquêtes de la classe ouvrière : [] Devant les sièges patronaux; [] Devant les préfectures; [] Devant les ministères; [] Là où siège le gouvernement? [] C'EST AUX TRAVAILLEURS A DECIDER EUX-MEMES. UNE SEULE REPONSE! [] Sur le terrain des entreprises, des bureaux, des chantiers, des facultés, sur le plan local, départemental et national, professionnellement et interprofessionnellement, les travailleurs et les organisations doivent s'organiser en comités pour la préparation à la lutte. [] Nous appelons les travailleuses, les travailleurs, les jeunes et les militants, dans chaque entreprise, chaque faculté, sur le terrain professionnel et à tous les échelons, local, départemental et national, tous ceux qui sont conscients de l'enjeu de la bataille de classe qui se prépare, et où se joue le sort de la classe ouvrière et de la jeunesse, à signer cet appel, à organiser des comités de coordination, à adhérer au Comité de Coordination que nous, militants de toute tendance, de la R.A.T.P., des employés de la Sécurité sociale et étudiants, avons créé. [] Conscient de ses responsabilités pour l'avenir de la classe ouvrière et de la jeunesse, le Comité de Coordination a décidé de convoquer travailleurs et militants, jeunes, dans un meeting ouvrier, le 1er mars 1968, où seront définies concrètement les tâches à accomplir pour faire reculer et vaincre le patronat et son Etat. [] Le devoir de tout militant est d'engager sa responsabilité dans ce combat. Il est de prendre contact avec le Comité de Coordination. [] Il s'agit du sort et de l'avenir de millions et de millions de travailleurs. [] Il s'agit de l'avenir de la jeunesse. [] Le Comité de Coordination des ouvriers et employés de la R.A.T.P., de la Sécurité sociale et des étudiants. [] Rejoints par les comités de liaisons des postiers et normaliens, et services de santé qui s'étaient créés, le Comité de Coordination des travailleurs de la R.A.T.P., de la Sécurité sociale et étudiants convoque un meeting à la salle Lancry le l"I' mars. Plus de 1000 travailleurs et jeunes assistent à ce meeting, où un pas en avant a été effectué vers l'organisation d'une avant-garde combattante pour le Front Unique ouvrier. L'adresse aux organismes directeurs des centrales qui est signée par les participants ne représentait pas une résolution « votée dans l'enthousiasme » mais un engagement pour l'action: [] Extraits de l'adresse adoptée le 1er Mars [] Réunis salle Lancry, le 1er mars, à l'appel du Comité de Coordination des ouvriers et employés R.A.T.P., Sécurité sociale, postiers, normaliens, étudiants et Services de santé. [] Les travailleurs et jeunes de toute tendance syndiqués à la CGT, à la CGT-Force ouvrière, à la CFDT à la FEN, à l'UNEF et non syndiqués, estiment de leur devoir de s'adresser aux organismes directeurs des organisations ouvrières qui ont la charge d'assurer la défense des intérêts de la classe ouvrière et de la jeunesse, pour leur demander de réaliser l'unité et de lever tous les obstacles accumulés sur le chemin de l'unité. [] Il est clair que la tactique des grèves tournantes, des manifestations disloquées, des pétitions sans lendemain n'aboutit qu'à des échecs. [] Les travailleurs ne comprennent pas que, face à des attaques patronales et gouvernementales qui les concernent tous, les organes directeurs des centrales refusent de préparer la riposte généralisée de tous les travailleurs. [] Mais une chose est certaine. Lorsque le gouvernement mobilise les CRS de toute la France contre nos camarades à Rhodiaceta (Lyon) ou à Caen, une seule riposte est efficace : le même jour, dans toute la France, les centrales ouvrières doivent appeler tous les travailleurs et jeunes à des manifestations. [] En province, devant les préfectures. A Paris, devant le siège du gouvernement. [] Autrement, il se passe ce qui s'est passé à Caen : isolés face a la mobilisation générale des CRS, les travailleurs de Caen ont été matraqués, certains emprisonnés. L'action, en dépit de la volonté unanime de combat, a été conduite à l'échec. [] Cela, dans tout le pays, les travailleurs et les jeunes le ressentent. [] Pour assurer la défense véritable des intérêts des travailleurs et de la jeunesse, IL FAUT CHANGER DE CAP. IL FAUT REALISER L'UNITE. IL FAUT PREPARER SOIGNEUSEMENT DANS DES CONFERENCES DEMOCRATIQUES PAR ENTREPRISES, PROFESSIONS, INTERSYNDICALEMENT ET INTERPROFESSIONNELLEMENT, SUR LE PLAN DEPARTEMENTAL ET A L'ECHELLE NATIONALE, LES RIPOSTES GENERALISEES QUI S'IMPOSENT. [] La responsabilité des dirigeants, des militants, est engagée. [] Nous, militants de toute tendance, avons décidé: [] 1) De signer cette Adresse, [] 2) De participer, au niveau de nos entreprises et de nos professions, aux comités de liaison que nous avons décidé de former, partout, à l'image des comités R.A.T.P., normaliens, Sécurité sociale postiers, services de santé, [] 3) De fédérer et d'unifier ces comités de liaison dans le Comité de Coordination des travailleurs et jeunes de la région parisienne. [] 4) D'appeler les travailleurs, les militants et les jeunes de Paris et de province à signer cette adresse et à la présenter au vote des organisations à tous les échelons, [] 5) D'organiser avec les signataires une large délégation auprès des centrales et dirigeants des syndicats pour qu'ils réalisent l'unité. [] Après le 1er mars, un intense travail d'organisation dans les entreprises et les syndicats est mené. A Nantes, Grenoble, Clermont-Ferrand, dans l'enseignement technique, chez les instituteurs, au C.N.R.S., dans toute une série de corporations et de localités, des comités de liaison et de coordination rassemblent et organisent une avant-garde militante. La comité de coordination des travailleurs de la R.P. décide à la fin mars 1967 de convoquer pour le 18 mai l'Assemblée nationale des délégués des comités de liaison et de coordination. [] Le 25 mai, l'Assemblée qui a été retardée d'une semaine, rassemble les combattants ouvriers, jeunes et étudiants de la Grève Générale, délégués des comités de liaison décide la proclamation de la Fédération des comités d'Alliance ouvrière. [] CE N'EST QU'UN DEBUT ... LE COMBAT CONTINUE [] Le Comité national de la Fédération des Comités & Alliance Ouvrière s'adresse aux travailleurs et militants conscients des intérêts de leur classe, aux jeunes qui refusent d'accepter la déchéance et la décadence. [] La grève générale de mai-juin 68 pouvait tout. Elle a été trahie. Mais la classe ouvrière et la jeunesse n'ont pas été battues. Le mot d'ordre jailli des profondeurs de la grève générale, doit devenir la réalité d'aujourd'hui et de demain. [] Oui, cela n'a été qu'un début, camarades, le combat continue. Dans une autre conjoncture, sous d'autres formes, adaptées à la situation. Les objectifs anti-capitalistes qui n'ont pas été atteints, devront l'être. [] Il y va du sort de millions et de millions de travailleurs. [] Il y va du sort de la jeunesse. [] Il y va du sort de l'humanité. [] La Fédération des Comités d'Alliance Ouvrière ne dissimule pas son but : [] - en finir avec le système de l'exploitation de l'homme par l'homme. [] Elle ne camoufle pas ses méthodes qui sont celles de la lutte de classes et de la démocratie ouvrière. [] Elle appelle au grand jour, au rassemblement des exploités contre les exploiteurs, au rassemblement des militants lutte de classes, qui par milliers et milliers, dans le mouvement ouvrier, cherchent la voie de l'organisation. [] Pour l'immédiat la Fédération des Comités d'Alliance Ouvrière combattra : [] - Pour la défense des libertés démocratiques et ouvrières; [] - pour la défense sans conditions de la liberté d'expression; [] - contre la répression politique et la répression dans les entreprises; [] - contre la duperie de la participation qui conduit à l'intégration des syndicats à l'Etat, c'est-à-dire au corporatisme; [] - pour l'indépendance des syndicats par rapport à l'Etat; [] - pour le respect de la démocratie ouvrière dans les syndicats; [] - pour l'unité syndicale et ouvrière sur le programme de défense des intérêts des masses laborieuses: [] - pas de salaire inférieur à 1000 F, par mois; [] - pour l'abrogation des ordonnances et de la Réforme Fouchet; [] - pour les 40 heures; [] - pour l'échelle mobile des salaires; [] - le contrôle ouvrier sur les prix, la production, et les bénéfices; [] - la garantie de l'emploi et de la qualification; [] - l'expropriation des grandes sociétés capitalistes. [] Un tel programme, le seul qui puisse garantir aux travailleurs et à la jeunesse la satisfaction de leurs besoins et les libertés ne saurait être obtenu par un gouvernement capitaliste. [] Le seul gouvernement qui pourra réaliser ce programme, c'est un gouvernement ouvrier, expression du Front Unique de résistance et du combat contre le capital et l'Etat. [] Les travailleurs et les jeunes ne peuvent s'en remettre à la bonne volonté des dirigeants qui ont morcelé, divisé et liquidé la grève générale. Imposer le front unique des travailleurs garanti par la démocratie ouvrière exige l'organisation militante de l'avant-garde ouvrière : tel est le combat que conduiront les Comités d'Alliance Ouvrière. [] Nul n'en est exclu. Les C.A.O. sont ouverts à tout travailleur quelle que soit son appartenance syndicale ou politique, ou inorganisé, prêt à engager l'action militante nécessaire à la réalisation du front unique ouvrier et à la démocratie ouvrière. [] Il s'agit de construire l'organisation, l'instrument, qui a fait défaut à la victoire de la grève générale : le regroupement militant de l'avant-garde ouvrière. [] La lutte de la classe ouvrière est une et indivisible. La victoire dépend du regroupement national de l'avant-garde ouvrière et jeune. [] ADHÉREZ AUX COMITÉS D'ALLIANCE OUVRIÈRE [] SOUTENEZ L'ACTION DE LA FÉDÉRATION DES COMITÉS D'ALLIANCE OUVRIÈRE [] DIFFUSEZ «INFORMATIONS OUVRIÈRES», TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DE CLASSE [] Le 22 juin 1968 [] La Fédération des Comités d'Alliance Ouvrière [] «INFORMATIONS OUVRIÈRES» [] 39, rue du Faubourg-du-Temple, PARIS-Xe [] Ets BUSSON, impr., 117, rue des Poissonniers, Paris (18e) [] Le Directeur de la Publication : M. P. LAMBERT. [] 2e trim. 1968 Dépôt légal: 285 P
Published:1968