Summary: | DSTS = Diplôme supérieur en travail social
Cette recherche porte sur le processus de décohabitation des jeunes adultes rouennais vers leur accès en logement autonome. Elle se présente comme une contribution à une réflexion plus large sur l'investissement des jeunes dans leur nouvel espace, leur logement et sur leur entrée dans la vie adulte. Dans un contexte économique et social durablement défavorable, les jeunes, aujourd'hui, se trouvent contraints de reporter le calendrier des évènements marquant leur entrée dans la vie d'adulte. Un recul de l'âge, aussi bien d'accès à un premier emploi rémunéré que d'autonomie résidentielle et de constitution de la famille est observé des génération aînées aux plus jeunes. Sachant qu'il existe plusieurs seuils qui viennent marquer l'entrée dans la vie adulte, et qu'il n'est pas possible de les cerner tous, dans cette étude, nous en avons retenu deux facilement datables qui constituent des moments cruciaux dans ce passage. Premièrement, l'accès au travail conditionne en grande partie la réussite sociale et économique. L'autonomie financière est en quelque sorte une condition préalable nécessaire pour déclencher les différentes phases devant conduire à la pleine indépendance. Deuxièmement, l'étape essentielle est l'autonomie résidentielle, avoir un « chez soi » définie comme le fait de quitter la domicile familiale pour accéder à son propre logement. Avoir un logement marque une étape symbolique forte : c'est la rupture avec le monde de l'enfance et de l'adolescence, la rupture avec l'habitat parental. Le processus de décohabitation est sans doute, l'étape à franchir qui pose le plus de problèmes aux jeunes générations. C'est la qualité de la relation entre le jeune et les parents qui favorise ou non le succès de ce départ du foyer familial. Ainsi dans notre étude, nous nous sommes interrogés sur les motifs de décohabitation. Nous avons analysé plus particulièrement les explications qu'en donnent les jeunes eux-mêmes par une enquête qualitative menée auprès de dix jeunes habitant Rouen ayant un emploi et âgés entre 20 et 28 ans. Il apparaît que tous les jeunes n'abordent pas la vie adulte dans les mêmes conditions. Dans cette recherche, deux catégories de situation ont été étudiées : - ceux qui bénéficient au moment de leur décohabitation ver leur nouveau chez soi, du soutien moral affectif et matériel de leurs parents - ceux qui bénéficient au moment de leur décohabitation vers leur nouveau chez soi de l'accompagnement social d'un centre d'hébergement et de réinsertion sociale. Les résultats montrent que la trajectoire professionnelle est un déterminant d'entrée dans la vie d'adulte qui s'affaiblit. La trajectoire résidentielle, comme vecteur de la vie sociale, prend une importance considérable dans la construction identitaire. C'est un facteur qui, à notre sens, doit amener à une reconsidération du travail d'accompagnement mené auprès des jeunes suivis en CHRS.
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