Summary: | DSTS = Diplôme supérieur en travail social
A la croisée des chemins de la micro-psycho-sociologie et de l'ethnologie, cette étude sur des femmes qui pratiquent la danse est, dans une première intention volontaire, en décalage avec le champ habituel du travail social. L'effet majeur de cette "respiration", de ce "pas de côté" est dans le demi-tour où le regard accroche les paradoxes, déjoue le "quant à soi", les certitudes. De la rencontre avec des femmes qui abordent la danse, avec simplicité et modestie, ont surgi des mots (plein de mots), des émotions, des petits morceaux de vie, souvent une première approche parlée de sentiments partagés de façon implicite. Trois perspectives sont ici dégagées. La première se penche sur le sens donné à l'acte de danser et tourne autour des sens, de la sensualité, du langage et des émotions. La modestie de la technique usitée n'oblitère pas le sentiment d'aborder les rives de l'art de la danse. Danse particulière, oublieuse de sa dimension langagière vers les autres mais dont les effets sont centrés sur l'intériorité. L'art de la danse y rejoint la célébration de retrouvailles avec soi. La seconde aborde les méandres de la relation au corps et, en l'occurrence, au corps féminin. Le corps est au coeur de la danse mais la parole se révèle forclose. Cette étude se heurte aux récifs connus du silence sur le corps, en vigueur dans nos sociétés occidentales. La troisième va à la rencontre des mobilités que la danse accompagne dans les domaines de l'identité et des valeurs ou encore dans les relations réelles ou imaginaires qui s'élaborent, voire se réactivent autour du professeur de danse. "L'opérateur-danse" intervient de diverses manières sur ceux et celles qui acceptent de se laisser troubler par son impact. L'identité personnelle est mobilisée par le travail corporel, même si la dimension collective semble peu prise en compte. Des valeurs partagées émanent, comme l'harmonie et l'équilibre, dont l'évocation ponctue l'ensemble des discours. Un petit détour par le "genre" supposé des valeurs révèle la lente évolution des représentations du "masculin" et du "féminin". Les mots posés sur les sentiments à l'égard du professeur de danse témoignent de l'occurrence de l'actualisation de la "transmission du féminin". Où comment la danse fait naître et renaitre "femme" : une histoire longue et compliquée, transmise et à transmettre. La danse est corps et, en cela, vient interroger nos pratiques de travail social, "clouées au sol" quand elles prônent un "tout est dans la tête", oublieux que "tout" est aussi dans le corps. Equilibre de funambule, à chaque instant à l'oeuvre ! Laisser une place à un professeur de danse, au sein des équipes d'A.E.M.O., est un pari osé. Proposer de danser à des femmes, engluées dans des relations maternelles douloureuses, est un défi à relever. Faire danser les mères quand les services sont mandatés pour les enfants relève de la provocation. De certaines alchimies détonantes, peuvent surgir des créations lumineuses mais surtout de nouveaux regards sur soi, sur les autres, sur l'enfant aussi.
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