Summary: | DSTS = Diplôme supérieur en travail social
Les contes de fées de notre enfance ne nous prédisposent pas à imaginer qu'un couple puisse vivre longtemps « heureux et sans enfant ». Quand il décide d'avoir un enfant, le couple construit sa trajectoire en référence à ses valeurs, à ses aspirations, ainsi qu'aux normes sociales qu'il a intégrées. Si l'enfant ne paraît pas, l'impossibilité pour les conjoints de correspondre à l'identité, socialement prescrite et personnellement désirée, de parents bouleverse leurs liens sociaux et leurs identités. La trajectoire des membres du couple apparaît alors comme un processus qui, d'une impossibilité à envisager de rester sans enfant les conduits à une forme d'équilibre à travers des modifications de leur façon de se représenter leur vie personnelle et de couple, et de vivre leur inscription sociale. Selon leur manière de cheminer, certains sont amenés à taire leur souffrance pour privilégier une bonne inscription dans le champ social, tandis que d'autres à l'inverse prennent en compte leurs sentiments au risque de trouver plus difficilement leur place dans la société. Dans ce travail de recomposition, la possibilité de s'identifier à des semblables manque. Les transformations identitaires sont d'abord individuelles, chacun adoptant des stratégies qui lui sont propres. Dans ces évolutions qui pourraient sembler strictement personnelles, la référence au couple est centrale. L'être ensemble acquiert un équilibre différent en s'accommodant aux changements. Du fait de leur statut quelque peu « hors normes », c'est dans les relations sociales et les échanges qu'ils vivent que les couples sans enfant guettent et reçoivent au jour le jour la confirmation de leur valeur et de leur place dans la société. Elle n'est pas un fait acquis. Cette caractéristique constitue tout à la fois l'« autre fécondité » qu'ils aspirent à vivre et leur vulnérabilité.
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