Soignants en prison, un impossible ? : analyse d'une adaptation professionnelle problématique en situation paradoxale

DEIS = Diplôme d'État d'ingénierie sociale La loi de Santé Publique 94-43 du 18 janvier 1994 confie au Service Public Hospitalier la responsabilité des soins en prison et affilie sytématiquement les détenus au régime général de sécurité sociale. Cette loi ainsi que les textes qui l’appliqu...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Cougoul, Jean-Luc
Other Authors: Lépine, Isabelle, Institut de travail social de la région Auvergne
Institution:CEDIAS-Musée social
Format: TEXT
Published: Institut de travail social de la région Auvergne (Clermont-Ferrand)
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/11160/5D2D37E2-CA19-46BA-A21C-0B1B37843AFF
Description
Summary:DEIS = Diplôme d'État d'ingénierie sociale La loi de Santé Publique 94-43 du 18 janvier 1994 confie au Service Public Hospitalier la responsabilité des soins en prison et affilie sytématiquement les détenus au régime général de sécurité sociale. Cette loi ainsi que les textes qui l’appliquent consacrent le « principe d'équivalence » : les personnes détenues doivent en principe bénéficier des mêmes droits que chaque citoyen, notamment dans le domaine de la santé. En conséquence, des services de consultations et de soins ont été créés pour répondre à cette mission. Ce sont les UCSA, services hospitaliers situés dans les murs d’une prison où exercent des soignants hospitaliers. Dans les faits cet exercice professionnel pose aux soignants des problèmes d'adaptation. Les contraintes carcérales peuvent entraver l'autonomie des soignants, orienter les soins, biaiser la relation et en fin de compte, mettre à mal le principe d'équivalence voulu par la loi. L'hypothèse posée dans ce travail est que le contexte dans lequel exerce le soignant devient prégnant, et modèle de façon particulière les interactions entre les soignants, les personnels pénitentiaires et les détenus. L'adaptation des soignants est problématique parce qu'ils doivent obéir à la fois aux exigences professionnelles hospitalières et aux exigences carcérales. Pour étudier ce phénomène je me suis situé dans le champ de la sociologie interactionniste, en travaillant à partir d’enquête de terrain auprès d'acteurs de deux petites maisons d'arrêt : soignants, personnels pénitentiaires, anciens détenus. Les résultats confirment que des soignants exerçant à plein temps en milieu carcéral, c'est-à-dire les infirmiers, sont en situation paradoxale. Ils tiennent à leur indépendance et à leur autonomie professionnelle, mais ce sont parfois les logiques carcérales qui orientent leurs actions. L’enquête m’a permis de mettre en lumière comment cela peut s’expliquer par un déficit managérial sur le versant hospitalier. Une des propositions d'action serait donc de renforcer le management afin d’orienter les soins dans le sens du principe d’équivalence voulu par la loi.
Published:2009