Summary: | DSTS = Diplôme supérieur en travail social
Beaucoup d'anciens travailleurs, immigrés maghrébins, vieillissent actuellement en foyer, dans l'isolement et l'exil. Recrutés autrefois parmi les paysans pauvres du Mahgreb, ils ont été employés durant plusieurs décennies aux travaux les plus pénibles de l'industrie française. A la suite de la crise des années 80, ils se sont retrouvés aux premiers rangs des chômeurs de longue durée, lorsqu'ils n'étaient pas réduits à l'inactivité ou l'invalidité par un accident de travail ou une maladie professionnelle... Vieillis, usés prématurement par le travail, ces hommes - qui n'ont pas encore l'âge de la retraite - connaissent une précarité économique, qui les empêche d'assumer dignement leur responsabilité de chef de famille. Généralement inemployables, du fait de leur manque de qualification et en raison d'une santé détériorée, ces "travailleurs sans travail" s'obstinent pourtant à chercher un emploi : ils sont en quête de leur ancien statut de travailleur qui leur conférait une identité sociale dans la société d'accueil comme dans leur pays d'origine. Cette perte de statut recèle, en outre, une perte de sens de leur existence qui est devenue "double absence" au Maghreb comme en France ... Pourtant, lorsqu'ils évoquent la dignité que leur apportait autrefois leur statut de travailleur, ils nous livrent une clé précieuse pour les aider à sortir de l'impasse qui les piège. Car, même si le rétablissement de ce statut n'est plus guère envisageable, compte tenu de leur vieillissement précoce, ces hommes ont néanmoins droit à la reconnaissance sociale de la société à laquelle ils ont apporté leur labeur. La patrie des droits de l'homme a contracté envers ces migrants, qui ont contribué à reconstruire la France, une dette économique et morale qu'il lui faut aujourd'hui honorer. Des voies existent qui sont d'ailleurs explorées actuellement par les acteurs sociaux et institutionnels : il s'agit de permettre à ces anciens travailleurs de vivre dans des conditions matérielles décentes et de leur fournir un statut socio-économique assurant leur dignité. D'autre part, il importe que la société - dans laquelle ils vivent depuis si longtemps - intègre enfin le riche patrimoine culturel que constitue l'histoire de leur migration, afin que les nouvelles générations puissent rendre un jour hommage à leurs ancêtres du Maghreb.
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