Summary: | ill.
DSTS = Diplôme supérieur en travail social
Educateur spécialisé dans un service d'A.E.M.O judiciaire, j'effectue actuellement une recherche sur l'intervention socio-éducative en direction des pères.(...) Nous ne nous connaissons pas mais nous avons cependant un point commun : tous, nous avons ou avons eu un père. Je vous invite donc à partager avec moi un bout de voyage en paternité. Peut-être n'y verrez-vous pas les mêmes paysages que moi. Peut-être serez-vous même irrité(e) par certains choix du parcours, alors surtout, n'hésitez pas à me le dire et à l'écrire!. Ce sont donc 73 travailleurs sociaux qui ont répondu à cette introduction du questionnaire que nous avons élaboré avec le double objectif de les interroger sur leurs représentations générales de la place du père dans la famille contemporaine et sur leurs représentations de leur travail en A.E.M.O, en particulier en direction des pères. En effet, après avoir constaté la dissymétrie de l'intervention entre les pères et mères et le peu de participation des pères à l'A.E.M.O, nous découvrirons que la rencontre entre le père et le travailleur social était frappée d'un lourd contentieux idéologique, du rapport entre l'Etat et la famille, substituant peu à peu son pouvoir son pouvoir à celui du père. L'A.E.M.O, créée en 1958, est un maillon du système de protection de l'enfance et donne à l'Etat un droit de regard sur l'éducation reçue par les enfants. Après avoir identifié les phénomènes de résistance à l'oeuvre, aussi bien du côté des pères que du côté des travailleurs sociaux, nous avons ensuite vu comment la paternalité s'articulait dans le champ plus large de la parentalité. Considérant les travailleurs sociaux comme "des représentants de la représentation", il est apparu, dans l'analyse des résultats du questionnaire, que le "nouveau père" était une image bien ancrée. Cependant, on y perçoit également un certain conservatisme qui tendrait à considérer davantage le père comme un "auxiliaire d'éducation" que comme un"co-parent", n'impliquant pas celui-ci autant que la mère à l'A.E.M.O. Par ailleurs, une analyse plus fine des résultats, par tris croisés, a mis en évidence l'importance de "l'identité sociale des sexes", du diplôme et de l'âge du répondant, dans la rencontre avec le père. En changeant son regard sur l'importance du rôle de celui-ci - dont la place reste plus que jamais à réinvestir - le cadre peut davantage occuper une "fonction-tierce" afin de permettre aux travailleurs sociaux de mieux prendre en compte les enjeux et les stratégies repérés dans les relations avec les pères. En parcourant les "zones d'incertitude" de cette rencontre, nous avons découvert dans "l'éthique de la discussion" une nouvelle légitimité pour l'A.E.M.O : l'intervention, ainsi libérée de sa fonction tutélaire d'assistance, apparaît tout à coup comme un art, un art de convaincre.
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