Histoire et sociologie du travail féminin
"« Depuis six mille ans qu’il y a des femmes, et qui travaillent... » L’épigraphe du livre de Mme Evelyne Sullerot est bien modeste : c’est « vingt mille ans » qu’il faudrait dire, ou cent mille. Et il est probable que l’exploitation de l’homme par l’homme a commencé par la femme. Ainsi, faute...
Main Author: | |
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Institution: | ETUI-European Trade Union Institute |
Format: | TEXT |
Language: | French |
Published: |
Paris
1968
Ed. Gonthier |
Subjects: | |
Online Access: | https://www.labourline.org/KENTIKA-19119866124919370489-Histoire-et-sociologie-du-trav.htm |
Summary: | "« Depuis six mille ans qu’il y a des femmes, et qui travaillent... » L’épigraphe du livre de Mme Evelyne Sullerot est bien modeste : c’est « vingt mille ans » qu’il faudrait dire, ou cent mille. Et il est probable que l’exploitation de l’homme par l’homme a commencé par la femme. Ainsi, faute encore d’animal de trait, le premier laboureur, qui préférait bien entendu se tenir du côté du mancheron, a, tout « naturellement », attelé sa femme. Et quand il s’est élevé aux idées générales, il a pensé et professé qu’il était de la « nature » de la femme d’être attelée. Mais, à remonter trop haut, on risque aussi de rencontrer en chemin de justes revanches avec les sociétés matriarcales, lesquelles pourraient bien connaître encore de beaux jours. Mme Sullerot agit donc sagement en bornant son propos, et elle a surtout voulu dissiper l’illusion selon laquelle le travail des femmes est une conquête — ou une servitude, ou une calamité — très moderne. « Maintenant que les femmes travaillent... » ; propos bourgeois, qui vise simplement le petit nombre des femmes qui ne travaillaient pas ; encore convient-il de préciser : qui ne travaillaient pas contre salaire. Mais qui n’en travaillaient pas moins à ces tâches — tristes mères d’ennui, d’abêtissement et de « vertu » — prétendument conformes à la nature et à la vocation féminines. La vérité, c’est que les femmes ont toujours travaillé, et travaillé double.
Mais le fait est étrange : vieux, donc, comme le monde humain, le travail féminin n’a pas eu d’histoire ; et ce n’est certes pas pour avoir été trop heureux. C’est précisément de cette histoire — dont elle marque, avec autant de force que de raison, à quel point elle diffère de celle du travail masculin, la seule pourtant qui ait jamais été écrite, — c’est de cette histoire encore vierge que Mme Sullerot s’est proposé d’ouvrir les voies. Travail de pionnière (je n’hésite pas à donner un féminin à ce mot que les dictionnaires ne connaissent qu’au masculin ; il n’en va pas du tout de même du mot prisonnier), (...)" |
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Physical Description: | 397 p. Paper |