Summary: | * Contribution à une analyse juridique de la crise économique de 2008 Alain SUPIOT Limplosion des marchés financiers en 2008 nest que le symptôme dune crise plus profonde du droit et des institutions, due à lutopie néolibérale du «marché total» dépolitisation «scientifique» de léconomie, déréglementation et assimilation complète du travail, de la terre et de la monnaie à des marchandises. La concurrence sans bornes fait des systèmes juridiques nationaux les objets dun law shopping. De par leur déréglementation absolue, les marchés financiers ont été les premiers à seffondrer, les contribuables payant laddition. Mais les marchés des ressources naturelles et «humaines» sont aussi en danger. Lauteur plaide pour la restauration du rule of law pour en finir avec la subordination du genre humain à lefficacité économique, dans lesprit de la Déclaration de Philadelphie de 1944. MOTS-CLÉS: RÉCESSION ÉCONOMIQUE, MARCHÉ FINANCIER, ÉCONOMIE DE MARCHÉ, PRIMAUTÉ DU DROIT. * De la financiarisation Richard B. FREEMAN Limplosion de Wall Street en 2007-2009 et la récession mondiale quelle a entraînée ont donné un rôle central à la relation entre la finance et léconomie. Les gouvernements, les agences internationales et les experts navaient pas pris conscience des risques accrus découlant de la déréglementation du secteur financier. Lauteur décrit les coûts énormes qui en ont résulté destruction massive demplois et baisse probable de la richesse et de la croissance publiques, imposant un rééquilibrage des budgets en raison de ladoption de programmes massifs de relance et de renflouement. Il analyse plus précisément limpact des incitations monétaires influant sur la recherche du profit en rapport avec les décisions qui ont provoqué la crise. Il prône enfin ladoption de réformes radicales des institutions afin de relier la finance et léconomie réelle MOTS-CLÉS: RÉCESSION ÉCONOMIQUE, MARCHÉ FINANCIER, ACTIVITÉ BANCAIRE, POLITIQUE FISCALE, MARCHÉ DU TRAVAIL, PAYS DE LOCDE, ETATS-UNIS. * Faut-il un séisme pour réveiller le monde de léconomie? Ronald SCHETTKAT A partir des années 1970, la théorie du taux naturel et lhypothèse de lefficience des marchés ont joué un rôle décisif notamment de par leur application aux marchés du travail tant pour linterprétation des tendances économiques que pour la détermination des orientations politiques. Dans leur perspective, laction publique et les réglementations faussent le jeu des marchés, qui, sans cela, fonctionneraient de manière optimale. La crise actuelle vient de les remettre brutalement en cause. En examinant le contexte européen à partir des années 1990, lauteur montre quelles sont dénuées de fondement: les réformes structurelles ont maintenu un taux élevé de chômage après les récessions, et les politiques monétaires et budgétaires déflationnistes inspirées par ces théories ont freiné la reprise. MOTS-CLÉS: RÉCESSION ÉCONOMIQUE, ÉCONOMIE DE MARCHÉ, POLITIQUE MONÉTAIRE, MARCHÉ DU TRAVAIL, CHÔMAGE, THÉORIE ÉCONOMIQUE, PAYS DE LUE, ETATS-UNIS. * La crise mondiale et au-delà: modèles de croissance durable pour les pays en développement Jayati GHOSH Malgré des signes récents de reprise de la production, relancer simplement le modèle de croissance qui sest effondré en 2008-09 aggravera, au niveau national et mondial, les déséquilibres à lorigine de la crise au détriment de léconomie réelle, du développement équitable et de la reprise de lemploi. Il est aussi évident que le modèle environnemental nest pas durable. Aussi, lauteur préconise un vaste programme politique, notamment réformer le système financier international, développer des stratégies réorientées sur la demande intérieure stimulée par les salaires et une agriculture viable, promouvoir la fiscalité relative aux technologies plus écologiques et aux choix de consommation, et engager des politiques sociales de redistribution qui réduiront les inégalités et agiront comme des stabilisateurs macroéconomiques lors des récessions MOTS-CLÉS: RÉCESSION ÉCONOMIQUE, MARCHÉ FINANCIER, POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT, POLITIQUE SOCIALE, PAYS EN DÉVELOPPEMENT. * Des réponses partielles à la crise: coûts socio-économiques et implications pour laction publique Raymond TORRES Cet article traite des effets pervers de réactions trop partielles face à la crise. Dans un premier temps, laccent mis sur le rôle des gouvernements mesures budgétaires coordonnées pour stimuler léconomie, limiter les pertes demplois et aider les groupes vulnérables a été efficace pour prévenir une nouvelle «grande dépression», mais en creusant les déficits publics. Cependant, une erreur a été commise lorsque lon a renfloué les banques sans corriger les dysfonctionnements dun système financier à lorigine même de la crise. Les craintes quant à la réaction des marchés financiers face à laggravation de lendettement public ont conduit à adopter une approche plus traditionnelle, centrée sur le marché: consolidation budgétaire, contraction du rôle des pouvoirs publics et affaiblissement de la protection sociale; au risque daggraver les inégalités et linstabilité économique. MOTS-CLÉS: RÉCESSION ÉCONOMIQUE, SYSTÈME FINANCIER, POLITIQUE FISCALE, EMPLOI, RÉPARTITION DU REVENU, SALAIRE, PAYS DÉVELOPPÉS, PAYS EN DÉVELOPPEMENT
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