Summary: | DSTS = Diplôme supérieur en travail social
L'intervention sociale d'urgence a été ces vingt dernières années en ascension constante. Parce que la multitude de nouveaux dispositifs n'a pas raison de l'exclusion, elle nous conduit au coeur d'un paradoxe : agir en urgence sur une multitude de difficultés qu'on sait durables. En cela elle porte en elle une force d'interpellation sur nos inégalités et nos contradictions. Une analyse des parcours de précarité des personnes accueillies, en amont de leur venue au service social permet de percevoir quels évènements sont susceptibles de générer l'urgence. Ces parcours nous montrent des temporalités qui s'opposent. Dans son niveau micro-sociologique l'urgence s'alimente autant de l'objectivité que de la subjectivité : elle est sujette à variations et ne fait pas toujours l'objet d'un consensus entre l'usager, le travailleur social et les partenaires. En saisissant "l'instantané" de ce moment singulier qu'est l'accueil d'urgence dans un service social, nous avons cherché à approcher certains aspects de la réalité qu'il recouvre. Au travers de la thématique de l'ordre et du déserdre, nous avons voulu montrer que la situation, tant pour l'usager que pour l'assistant social est prise dans un système de contraintes qui va peser sur le comportement des acteurs. La fonction de régulation ainsi avivée aura pour effet d'interroger l'éthique et les valeurs professionnelles de référence. L'échange entre usager et travailleur social va nécessiter adaptations et ajustements mutuels, pour tendre vers une définition partagée ou non de l'urgence ; de celle ci aboutira une négotiation contrariée ou aboutie. Le regard s'est voulu quelque peu ethnographique, entre "scène et coulisses", aidé des concepts d'Erwin Goffman. A partir d'un vocabulaire méthodologique bâti sur le langage du théâtre, cet auteur nous a aidé à analyser les dynamiques des interactions de face à face entre usager et assistant social pour en décoder les tensions latentes.
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