Summary: | Complément à l'article de Pierre Liret publié dans le numéro 325, juillet 2012, de la Recma
Depuis le déclenchement de la crise financière de 2008 et de la crise économique qui sen est suivie, le modèle coopératif suscite un nouvel intérêt des pouvoirs publics, des décideurs et de lopinion. Orienté sur le service aux membres et non sur la rémunération du capital, ancré territorialement, ce modèle apparaît comme un garde-fou aux excès du capitalisme financier et porteur de bien des vertus. Elle est même souvent présentée, y compris par ses propres ambassadeurs, comme lentreprise du développement durable et à tout le moins, une forme dentreprise socialement responsable et qui sinscrit plus naturellement dans les normes de la RSE (indifféremment libellé responsabilité sociale des entreprises ou responsabilité sociale et environnementale ou encore responsabilité sociétale des entreprises).Dans quelle mesure peut-on ou pas dans les faits considérer la coopérative comme une forme dentreprise responsable au plan économique, social et environnemental ? Il faut pour cela préalablement préciser ce quest une entreprise socialement responsable et ce que recouvre concrètement cette notion. Selon la norme ISO 26000, qui fait référence au plan international depuis sa publication en novembre 2010, la RSE est la « responsabilité dune organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur lenvironnement se traduisant par un comportement éthique et transparent qui contribue au développement durable, à la santé et au bien-être de la société, prend en compte les attentes des parties prenantes, respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de comportement, est intégré dans lensemble de lorganisation et mis en uvre dans ses relations ». Autrement dit, une entreprise socialement responsable est une entreprise qui sinterroge sur ses pratiques à légard de toutes les parties prenantes avec lesquelles elle travaille et développe des pratiques toujours plus responsables à leur égard. Ces parties prenantes sont les clients, les actionnaires, les salariés, les fournisseurs (et autres partenaires), le territoire (communauté locale, bassin demploi), la société dans son ensemble et lenvironnement au sens de lenvironnement naturel, dont les intérêts sont principalement portés par des ONG avec des pouvoirs publics pour en assurer le respect. Observons que cette préoccupation de lenvironnement est relativement récente : le développement durable a été défini pour la première fois dans le rapport Bruntland en 1987 et le premier sommet international de lenvironnement sest tenu à Rio au Brésil en 1992. Avant cette date, tous les questionnements portaient exclusivement sur la capacité à concilier performance économique et respect social, et tout particulièrement envers les salariés. La prise en compte de lenvironnement, mais aussi des autres parties prenantes est une notion bien plus récente. Avant de se pencher plus avant sur le cas des coopératives, il faut aussi sinterroger sur la manière dont on peut mesurer la responsabilité sociale : quand peut-on dire et sur quels critères peut-on dire quune entreprise est socialement responsable ? Au plan national, il existe en France différentes normes de qualité (Iso 9001, Iso 14000
) ou des lois comme la loi NRE de 2001 édictant pour les grandes entreprises des normes de comportement à légard des actionnaires et de la gouvernance. Mais ces normes ou lois sont partielles et ne couvrent quune petite partie des domaines de la RSE. Il existe aussi des référentiels internationaux, mais qui, compte tenu de leur échelle géographique, ne sont et ne peuvent être - quindicatifs et pas normatifs. Cest le cas de la norme Iso 26000, la plus récente dentre elles et qui constitue désormais la référence essentielle en matière de RSE. Publiée depuis le 1er novembre 2010, la norme Iso 26000 résulte de linitiative de plusieurs associations de consommateurs de différents pays. 42 organisations incluant lOrganisation internationale du travail (OIT), les Nations Unies, le Global Compact, lOrganisation Mondiale de la Santé (OMS) ont travaillé à lélaboration de la norme. 99 pays y ont participé, avec un attachement à assurer un équilibre entre les pays développés et les pays en voie de développement (PVD). Dans sa conception, la norme Iso 26000 vise principalement et en priorité les grandes entreprises présentes au plan international et dont les produits et services sadressent au consommateur final. Doù la présence parmi les sept questions centrales posées par la norme Iso 26000 de la responsabilité à légard du consommateur et du respect des Droits de lHomme.
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