Summary: | DSTS = Diplôme supérieur en travail social
Située à l'intersection de deux champs disciplinaires - la psychologie des espaces institutionnels et la sociologie de l'insertion - cette recherche s'ancre dans une situation professionnelle vécue au sein d'un foyer médicalisé pour adultes handicapés moteurs. Dans cette structure, l'action conduite par les salariés en faveur des usagers relevait des deux principes conducteurs habituels à ce secteur d'activité : d'une part, un modèle socio-médico-assistantiel, d'autre part, un modèle socio-intégrateur. Or, la préoccupation première - considérée dans les pratiques, préoccupations et injonctions quotidiennes aux salariés - l'emportait nettement sur la seconde : de fait (c'est l'objet de notre 1er constat), la finalité originelle de l'institution comme outil destiné à réduire le déficit d'intégration de sa population semblait, sinon oubliée, du moins peu traduite en termes de programme efficient. Cette médiocrité des résultats obtenus en matière d'insertion sociale (définie, compte tenu du handicap, comme relative), ne laissait pas de me préoccuper en tant que chef de service socio-éducatif quand une circonstance inopinée vînt bouleverser les données du problème. En juillet 96, une délocalisation partielle de l'espace institutionnel fut déterminée par la reprise d'une autre entreprise médico-sociale défaillante et 12 usagers volontaires - présélectionnés comme les plus aptes à s'inscrire dans une dynamique d'insertion - furent, sous ma responsabilité, réorientés vers les nouveaux lieux domiciliaires improvisés. Les résultats de ce changement furent à ce point sensibles (c'est l'objet de notre second constat) qu'ils suscitèrent la question principale : Pour quelle raison essentielle les usagers se sont-ils remarquablement investit dans une dynamique d'insertion sociale ? Motivée par cette interrogation, la suite de ce travail fut tour à tour jalonnée par : la formulation d'une hypothèse plausible (l'espace domiciliaire institutionnel influe sur la dynamique d'insertion des usagers), la construction d'un concept théorique (redevable, particulièrement, à la psychologie d'Erving Goffman) et une enquête de validation menée auprès des usagers concernés. Au-délà, cette recherche m'a permis d'approfondir ma connaissance de cette population spécifique des personnes handicapées vivant en institution, de ses difficultés propres, de ses aspirations et de ses (souvent surprenantes) possibilités d'adaptation et d'insertion : peut-on affirmer que leurs conditions d'accueil et d'hébergement procèdent de ce supplément d'attention et de soins (dont parle Robert Castel) destiné à combler leur déficit d'intégration où doit-on penser qu'elles ont pour effet d'entériner leur marginalisation sociale ? A l'heure où se dessine une remise en cause du modèle (longtemps inspirateur) de discrimination positive, la question mérite sans doute d'être posée...
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