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C.F.D.T. [] Syndicalisme [] 25 mai 1968 - N° 1.189 - 0,40 F [] Reponse des Travailleurs: [] RENFORCEMENT DE LA GREVE [] La déclaration du Bureau Confédéral de la C.F.D.T. - 24 mai 1968 - 21 h 30 [] Après dix ans de pouvoir, il aura fallu une explosion populaire sans précédent dans l'histoire du pays pour que le chef de l´Etat soit acculé à constater la faillite du régime gaulliste. [] Aux millions de travailleurs en lutte et occupant leurs usines, aux étudiants et aux jeunes en révolte, le président de la République oppose la magie des mots et le mépris à l'égard des aspirations du peuple. [] La décision de procéder à un référendum-plébiscite en juin sur une vague idée de participation ne répond en rien aux exigences de pouvoir de la classe ouvrière. Cette forme de consultation vise à renforcer le pouvoir personnel et s'oppose radicalement à l'élan populaire qui s'est dressé contre les structures autoritaires de la société capitaliste. [] La CFDT n'a jamais accepté de donner un blanc-seing que ce soit. Sa conception de la démocratie et les responsabilités veulent assumer les citoyens le lui interdisent. [] La réponse immédiate des travailleurs au chef de l´Etat sera donnée par le renforcement de la grève et l´occupation des usines pour la conquête de leurs droits et la démocratie dans les entreprises. [] LA C.F.D.T. apporte DIX REPONSES aux questions que VOUS vous posez [] 9 millions de grévistes. Les événements vont plus vite que jamais et les travailleurs en lutte savent qu'ils vivent de grandes journées historiques. DEMAIN SE GAGNE VERITABLEMENT AUJOURD'HUI. Le Pouvoir a déjà reculé sous la pression unanime du pays et annoncé une réunion en vue de l'ouverture des négociations entre organisations syndicales, gouvernement et patronat, pour ce 25 mai. [] Les organisations syndicales, et notamment la C.F.D.T., portent le combat des tra vailleurs. Le 23 mai, le Bureau confédéral de la C.F.D.T. a tenu une nouvelle conférence de presse et«Syndicalisme» a pris au bond les réponses aux questions que vous vous posez peut-être. [] 1 étudiants et travailleurs : le même combat? [] OUI ! POUR LA DEMOCRATIE, POUR LE POUVOIR. [] Nous sommes entrés dans un procesus irréversible d'action estudiantine et d'action ouvrière. Ce sentiment profond parti des étudiants et qui à gagné le milieu des travailleurs, c'est une réaction contre des structures autoritaires, qu'elles soient politiques, administratives, sociales ou économiques. Leurs actions ont le même but: la remise en cause fondamentale des structures de notre société et plus particulièrement la lutte pour la démocratie, pour le pouvoir. [] Les ouvriers se battent pour le pouvoir ouvrier exprimé par le pouvoir syndical ; en particulier dans l'entreprise. Cette exigence rejoint celle des universitaires qui luttent pour des réformes, pour une reconnaissance du droit des enseignants et des étudiants à la gestion de l'université et une véritable démocratisation de l'enseignement, facteur indispensable d'une société civilisée. [!] égalitaire et condition d'une transformation de système économique pour et par le peule. [] 2 les 9 millions de grévistes concernés de la même façon ? [] OUI! POUR LES DROITS SYNDICAUX, L´ABROGATION DES ORDONNANCES, POUR LES PLUS DEFAVORISES. [] L'unanimité du monde du travail est consciente que ce mouvement des profondeurs ne peut se satisfaire de succès locaux même appréciables. [] - Le combat pour l'abrogation des ordonnances est le combat pour tous. [] - De même que le combat pour les plus défavorisés, immigrés, invalides, handicapés, vieux travailleurs. [] Ce qui revient à dire que même si une entreprise faisait des propositions de relèvement de salaires, aménageant ausi [!] le droit syndical, les travailleurs de cette entreprise continueraient à être concernés dans le combat global. [] - Le combat pour les droits syndicaux dans l'entreprise, dans une perspective d'autogestion, est aussi le combat de tous que l'on soit dans le secteur public, nationalisé ou privé. [] - Le combat pour de nouvelles structures économiques, universitaires- politiques, est un combat qui nous concerne tous. [] 3 quelles seront les bases de la négociation ? [] CINQ POINTS ESSENTIELS POUR LA C.F.D.T. [] 1. Le pouvoir syndical et la démocratisation dans l'entreprise et l'administration. [] 2. L'égalité des chances dans la vie de travail. [] 3. La planification démocratique des prestations sociales. [] 4. Une politique de pouvoir d'achat et de plein emploi qui était déjà prioritaire dans l´accord du 10 janvier 1966 entre la C.F.D.T. et la C.G.T. [] 5. La démocratisation de l'information dans la nation. [] 4 la satisfaction des revendications: d´une catastrophe économique ? [] NON - CE QUI A ETE FAIT AILLEURS ; POURQUOI PAS CHEZ NOUS? [] - Les enquêtes faites par la Communauté Economique Européenne montrent que la France a la durée hebdomadaire de travail la plus importante de l'Europe des Six, 47 h. 30 contre 45 h. 09 aux Pays-Bas, 44 h. en Belgique et 43 h. en Allemagne. Les métallos allemands sont aux 40 heures depuis janvier. Les accords à venir devront envisager une semaine de 40 heures à terme. [] - La C.E.E., dans une autre enquête d'ailleurs retardée dans sa publication à la demande du gouvernement français (1) - confirme que les gains annuels des travailleurs français n'arrivent que 5e (sur 6) par rapport aux travailleurs européens. Le Luxembourgeois gagne 6 F et l'Allemand 5,80, quand le Français ne touche que 4 francs. [] - Quand nous posons des problèmes d'autogestion, de participation ouvrière, de contrôle nous posons les problèmes au bon endroit parce que si certaines entreprises françaises sont incapables d'assurer des salaires décents, d'assurer des conditions de vie convenables aux travailleurs, c'est certainement parce que la gestion de ces entreprises laisse à désirer et est incapable de s'adapter à de nouvelles réalités ; parce que, également, les pouvoirs publics ont délibérément, depuis plusieurs années, donné la préférence à la récession économique plutôt qu'à l'expansion. [] Le Comité national de la C.F.D.T., réuni le 21 avril dernier, estimait que la relance de la consommation devaitêtre fondée sur l'augmentation du pouvoir d'achat, des travailleurs et de leurs familles, notamment des catégories les plus défavorisées, ce qui appelle des mesures prioritaires sur UN SALAIRE MINIMUM INTERPROFESSIONNEL A 600 F PAR MOIS, sur les prestations familiales, les retraites, la fiscalité directe et indirecte. » [] 5 que met-on au premier plan ? [] L´IMPORTANT C´EST LE POUVOIR SYNDICAL. [] La C.F.D.T. estime que ce serait un crime de terminer un mouvement d'une telle ampleur par la seule satisfaction de revendications sociales ... mêmes les plus motivées. [] Pour la C.F.D.T., les satisfactions obtenues doivent être garanties par un pouvoir syndical effectif au niveau des entreprises. Les victoires d'aujourd'hui garantiront les - victoires de demain si les droits syndicaux sont reconnus aux travailleurs de l'entreprise, l'administration et l'économie. [] 6 le pouvoir syndical : qu´est-ce-à-dire ? [] UNE SERIE DE REVENDICATIONS DERRIERE CES TERMES. [] - le droit de constituer des sections syndicales d'entreprise ; [] - la liberté de l'information syndicale ; [] - le libre collectage des cotisations syndicales ; [] - le contingent d'heures payées pour les réunions statutaires [] - l'abrogation des règlements intérieurs restrictifs ; [] - le libre accès des secrétaires syndicaux permanents dans les entreprises ; [] - le droit syndical de négociations des salaires réels ; [] - le libre exercice du droit de grève [] - la suppression des primes antigrèves, [] - l'interdiction du lock-out ; [] - l'abrogation de la loi antigrève de juillet 63 ; [] - la réintégration de droit, dans leur emploi, de tous les travailleurs militants et responsables mutés ou licenciés en raison de leur action syndicale ; [] - le droit de discussion et d'information dans l'entreprise concrétisé par la possibilité de se réunir deux heures par mois dans l'entreprise pendant le temps de travail ; [] - des commissions paritaires consultatives et obligatoires dans chaqueétablissement pour examiner toutes mutations, embauches promotions licenciements. [] 7 auto-gestion, participation: du préfabriqué? [] NON - C´EST A DEFINIR ET CONSTRUIRE PAR LES TRAVAILLEURS! [] L'idée que nous portons - et dont le premier préalable est le droit syndical dans l'entreprise peut agir sur les masses ouvrières. [] Ce qui compte pour nous, c'est que dans les usines, les ateliers, les administrations, les travailleurs discutent de ces problèmes et qu'ils profitent de ce temps fort que représente la grève pour qu'il y ait de véritables échanges entre les travailleurs sur leur place et les responsabilités qu'ils veulent assumer dans l'entreprise et l'économie. [] Si ces discussions s'établissent à travers le pays, alors tout naturellement le contenu de ce que nous voulons se précisera, sera enrichi de toute une expérience ouvrière que nous ne percevons pas complètement, mais qui est extrêmement riche. [] Les mots ne prennent leur contenu que lorsqu'ils s'emparent de masses parce que ce sont les masses qui nourrissent le contenu des formules que nous lançons. L'autogestion n'est-elle pas la forme achevée de la vie socio-économique? [] 8 passons-nous de la défensive à l´offensive? [] OUI. - LA PREUVE. [] Nous avons la certitude à la CFDT que le moment est propice pour faire progresser d'une manière collective la conscience ouvrière en vue des objectifs que nous nous assignons. Nous sommes dans un mouvement de progression constante. [] En 36 - 38, les premiers délégués du personnel étaient vraiment une révolution , lorsque fut acquise la Sécurité sociale, lorsque fut renforcé le pouvoir de l'organisation syndicale au lendemain de la guerre, ce fut une nouvelle victoire. [] La période défensive du mouvement ouvrier est maintenant terminée; et l'offensive engagée avec la puissance actuelle doit permettre de progresser et de créer les conditions d'une progression nouvelle dans le temps. [] 9 que seront les négociations ? [] DES VICTOIRES POUR LES TRAVAILLEURS. [] Nos dossiers pour négocier sont prêts ! Et nous disons aux travailleurs qu'ils doivent renforcer leur mouvement de grève qu'ils doivent considérer que ces négociations seront difficiles ; qu'ils doivent, de ce fait, se mettre en disposition de prolonger encore longtemps leur combat. [] La CFDT, pour sa part, proposera, qu'après examen en séance plénière des revendications syndicales, plusieurs décisions soient prises : [] - D'abord, que le gouvernement assume ses responsabilités et s'engage: [] 1) A abroger les ordonnances; [] 2) A déposer des textes législatifs et réglementaires pour la reconnaissance des libertés fondamentales des travailleurs dans l'entreprise ; tant dans le secteur privé que dans les secteurs public et nationalisé ; [] 3) Qu'il prenne les mesures pour un relèvement rapide du SMIG, des retraites et pensions ; en un mot, pour toutes les catégories sociales défavorisées dont il a la responsabilité. [] - Ensuite que des dispositions soient prises pour l'ouverture de négociations de caractère global, dans les secteurs privé nationalisé et public. [] Cela veut dire que pendant que le gouvernement mettra en oeuvre les textes que nous réclamons, les discussions s'engagent avec le CNPF d'une part, et le gouvernement d'autre part (entendu au sens d'Etat-patron responsable du secteur publie et nationalisé) pour la mise au point d'accords-cadre sur les droits syndicaux, les salaires, la durée du travail, la garantie de l'emploi. [] Il va sans dire que des négociations devront suivre immédiatement dans les branches et entreprises. [] 10 les travailleurs décideront-ils eux-mêmes? [] BIEN SUR. [] La CFDT pense que lorsque les conversations engagées pourront se traduire par des textes, il faudra soumettre les propositions aux travailleurs, sous la responsabilité des organisations syndicales. [] Elle estime en effet que ce puissant mouvement, démarré dans de nombreuses entreprises par les travailleurs ou leurs organisations syndicales, demande la sanction des travailleurs sur les propositions, que les représentants syndicaux pourront leur faire. [] Un réquisitoire contre dix années de gaullisme [] Après l'allocution du président de la République, Eugène Descamps, secrétaire général de la CFDT, a déclaré à la presse : [] LE président de la République à dressé le réquisitoire contre dix années de régime gaulliste. Depuis dix ans la CFDT a maintes fois dénoncé la sclérose dans les domaines sociaux économiques et universitaire. En fait il a fallu l´explosion populaire pour que le gouvernement et le président de la République prennent conscience des scléroses existantes et des muta-tions indispensables. [] On nous parle de Participation. Pour nous, la condition première pour changer le statut du travailleur dans l'entreprise, c'est la reconnaissance légale des droits syndicaux ; c'est assurer des libertés réeles aux salariés au sein de leur entreprise ou administration; c'est en face du pouvoir patronal, reconnaître le pouvoir syndical celui des travailleurs organisés; c'est, dans les faits, retirer à l'employeur le pouvoir absolu, le droit de décider seul de l'avenir des salariés. En clair, c'est donner au syndicalisme le droit de cité. [] De toute manière, c´est une curieuse façon de vouloir organiser la participation en commençant par ne pas la pratiquer. Chaque fois que le régime est en difficulté c'est un appel à remettre notre destin entre les mains du seul président de là République. Ce processus qui consiste à demander le pouvoir pour un seul va totalement à l'encontre du sens profond des mouvements actuels qui chez les étudiants et chez les ouvriers appelle une responsabilité diffusée dans l'ensemble de la nation. [] En définitive, cette déclaration doit être considérée par les syndicalistes comme un mépris pour le mouvement en profondeur qui à lieu présentement ; comme une menace pour le droit de grève ; comme des promesses, rien que des promesses. En définitive, c'est une demande de renforcement des pouvoirs du président de la République contraire à l'aspiration profonde du mouvement actuel. [] Pour la CFDT, les déclarations du président de la République nous renforcent dans notre volonté de poursuivre notre grève et de faire que les occupations d'usines restent puissantes et organisées. [] PAR MILLIERS A LA CFDT [] C´est par milliers que depuis quelques jours les adhésions affluent à la C.F.D.T. Dans la plupart des cas, il s'agit d'adhésions de jeunes travailleurs. La jeunesse a toujours caractérisée la C.F.D.T., cet apport de sang neuf ne fera que le confirmer. [] VOUS AUSSI ... [] ADHEREZ A LA C.F.D.T. [] Nom: [] Prénom: [] Né(e) le [] Adresse: rue [] n° [] Ville [] Dépt. [] Entreprise (avec adresse) [] Profession (classification, grade, classe, coefficient) [] déclare adhérer au syndicat C.F.D.T. et à sa Caisse de Résistance. [] Je m'engage à payer régulièrement ma cotisation mensuelle à partir du mois d [] Fait à [] le [] Signature [] Syndicalisme CFDT, 26, rue de Montholon, Paris-9°. Abonnement: 20 F. C.C.P. Paris 283-24. La directeur-gérant: Laurent Lucas
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