Jeunes travailleurs! Etudiants! En finir avec le pouvoir réactionnaire du grand capital

Bemerkungen: [] = Absatzmarken im Volltext des Originals; Roland LEROY [] Membre du Bureau Politique, [] Secrétaire du Comité Central [] du Parti Communiste Français [] DISCOURS A L'ASSEMBLEE NATIONALE DU 21 MAI 1968 [] Jeunes travailleurs! Etudiants! [] En finir avec le pouvoir réactionnaire...

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Bibliographic Details
Main Author: Parti Communiste Français (P.C.F.)
Institution:Archiv der sozialen Demokratie (AdsD)
Format: IMAGE
Language:French
Published: 21.05.1968
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/11088/9ADA0ED8-FE3E-4B26-AF10-2B58711F6E8C
Description
Summary:Bemerkungen: [] = Absatzmarken im Volltext des Originals; Roland LEROY [] Membre du Bureau Politique, [] Secrétaire du Comité Central [] du Parti Communiste Français [] DISCOURS A L'ASSEMBLEE NATIONALE DU 21 MAI 1968 [] Jeunes travailleurs! Etudiants! [] En finir avec le pouvoir réactionnaire du grand capital [] Unis à, la classe ouvrière et à tous les travailleurs pour le progrès social, pour un gouvernement populaire et d'Union Démocratique pour aller vers le socialisme [] Monsieur le Premier ministre, dans le discours que vous avez prononcé à cette tribune le 14 mai dernier, vous avez parlé d'une "escalade extraordinairement rapide". Celle-ci a de loin dépassé vos paroles et déjoué vos pronostics. [] Vous vous flattiez en effet, il y a une semaine, que la grève générale organisée le 13 mai par les centrales syndicales ait été un échec. Vous vous trouviez en réalité devant un mouvement d'une exceptionnelle ampleur qui soulevait toutes les couches laborieuses. (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste). [] Tout le pays est désormais dressé contre votre politique. [] Les violences de votre police ont d'abord suscité une riposte collective qui unissait étudiants, enseignants et travailleurs. Mais, dès ce moment-là, il s'agissait de quelque chose de plus grand et de plus profond : l'expression de mécontentements et d'angoisses accumulés et comprimés depuis dix ans par votre régime. [] Il faudrait être aveugle pour expliquer le développement des luttes ouvrières et la poursuite des luttes universitaires par un concours de circonstances. C'est d'une nécessité profonde qu'elles résultent essentiellement. [] Waldeck Rochet a tout à l'heure exposé notre point de vue d'ensemble sur le débat d'aujourd'hui. Pour ma part, je m'arrêterai quelques instants sur certains problèmes plus spécialement, posés non seulement par l'université, mais aussi par la jeunesse de notre pays. Car l'actuel mouvement de colère soulève la masse de la jeunesse française. [] La lutte des étudiants pour une université moderne et démocratique a favorisé l'essor du mouvement revendicatif que dirigent les organisations syndicales de la classe ouvrière. [] Monsieur le Premier ministre, vous n'avez cessé de vanter sans nuance votre prétendue réussite dans le domaine de l'éducation nationale. On voit aujourd'hui ce qu'en vaut l'aune! [] Il y a juste un an, à cette tribune, M. le Ministre de la Jeunesse et des Sports se décernait sans réserve un total auto-satisfecit pour son effort en faveur de la jeunesse. Il venait alors de consacrer l'essentiel de cet effort à la publication d'un Livre blanc dont la fausse candeur était en elle-même un constat de [... = ?, unleserlich] [] LA CRISE DE L'UNIVERSITE, NOUVEAU SYMPTOME DE LA CRISE DU CAPITALISME [] La crise de l'université française est un nouveau symptôme de la crise du capitalisme. A notre époque, le grand capital est incapable de répondre aux besoins des hommes et aux intérêts de la nation. (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste). [] L'université est victime d'une inadaptation qui s'aggrave à la mesure de l'accélération du développement scientifique et technique et de la croissance des besoins sociaux. [] Elle est périmée dans ses structures, son contenu, ses méthodes. Université de classe, elle n'admet que 10 % d'enfants d'ouvriers et encore très inégalement répartis selon les facultés ou lesécoles. Elle constitue une image renversée de la population. [] Les jeunes issus des couches moyennes s'y heurtent à de graves difficultés pour poursuivre leurs études. Quatre étudiants sur dix ne peuvent subsister que grâce à un salaire acquis au détriment de leurs études. [] A notre époque, l'université doit changer d'échelle. Elle devient nécessairement une université de masse. [] Mais le pouvoir a voulu opérer cette transformation en distiguant des voies inégales: une voie royale pour une mince ,élite" formant les équipes de pointe, des voies de qualité inférieure pour la masse. [] Ne consacrant pas à l'Education nationale toutes les sommes qui seraient nécessaires, le pouvoir a prétendu accueilir la masse nouvelle des étudiants sans réaliser tous les établissements et tous les équipements indispensables, notamment dans la région parisienne où l'on assiste à ce paradoxe: des facultés croûlant sous un flot d'étudiants, alors que la France manque d'enseignants, de chercheurs, de médecins, d'ingénieurs et de techniciens supérieurs dans de nombreuses branches. [] Conformément à son orientation réactionnaire générale, le pouvoir a cru trouver une issue aux difficultés que sa politique cause à l'université en instituant de rigoureuses mesures restrictives à l'entrée en faculté des lettres et en faculté des sciences. C'est l'aveu de la crise des enseignements primaire et secondaire, dont le pouvoir est responsable; c'est l'aveu de l'absence d'orientation progressive à ces niveaux. [] C'est plus encore la volonté de maintenir le privilège de l'instruction supérieure, le refus de laisser accéder à l'université la masse des jeunes d'origine ouvrière, le refus de créer les conditions de la seule sélection équitable et conforme à l'intérêt général, celle qui réalisera la progression des meilleurs par la promotion de tous. [] Le même esprit réactionnaire inspire les autres mesures qui constituent la réforme gaulliste de l'enseignement. Qu'elles soient des adaptations ou qu'elles conservent les cadres et les contenus du passé, ces mesures ont pour seule fin d'asservir l'enseignement aux intérêts à court terme des monopoles capitalistes. [] POUR UNE GESTION DEMOCRATIQUE DE L"EDUCATION NATIONALE [] Le cadre conservateur où l'université actuelle enferme, en les mutilant, la science, la culture, la technique, est devenu intenable pour les étudiants comme pour les enseignants. Pour cacher la réalité et diffuser plus aisément les idéologies réactionnaires, la grande bourgeoisie s'est efforcée d'isoler l'université de la vie politique et sociale. [] L'une des grandes questions actuellement posées est celle de la gestion démocratique des universités et de toute l'éducatoin [!] nationale. L'université de classe actuelle maintient des rapports périmés d'autorité dans la gestion comme dans la pédagogie. Nous avons souvent dénoncé les méthodes par lesquelles le gaullisme a prétendu réformer l'université, envers et contre tous, enseignants et étudiants. [] Vous avez, monsieur le Premier Ministre, dans une interruption, demandé si les programmes des formations de gauche parlaient d'autonomie et de participation. Permettez-moi de signaler à votre attention le programme du parti commu-niste français pour une réforme démocratique de l'enseignement publié il y a plus de deux ans et qui dit: [] "La large autonomie des universités s'appliquera en particulier à leur gestion financière, à la détermination de leurs programmes d'enseignement, à la désignation de leur corps professoral. Il conviendra toutefois de tenir compte pour les programmes de règlements généraux définis pour toutes les universités; pour le choix du corps enseignant, de critères définis sur le plan national; et de la nécessité, pour les maltrès des diverses catégories, de pouvoir passer d'une université à une autre." [] Autrement dit, nous n'avons pas attendu que M. Missoffe rencontre M. Cohn-Bendit pour nous apercevoir de la nécessité d'une autonomie de l'université. (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste). [] Vous parlez maintenant d'instituer un comité de réflexion ouvert à tous. La formule est périmée. Dans les universités, la tutelle étroite du pouvoir doit faire place à une gestion démocratique à tous les niveaux : amphis, départements et instituts, facultés. Comme nous le proposons depuis longtemps, les étudiants doivent participer à cette gestion. [] CE QUI EST EN CAUSE: LE CAPITALISME [] La politique scolaire et universitaire du pouvoir a échoué. C'est pour des raisons qui tiennent à la nature de votre pouvoir, expression de la domination du grand capital. C'est parce que votre politique est réactionnaire, parce qu'elle tourne le dos aux besoins essentiels de notre époque. [] Il y a plus. Si les luttes actuelles des étudiants, des enseignants, des ouvriers, peuvent imposer les mesures immédiates dont nous continuons à exiger l'application d'urgence, la réforme globale de l'université ne peut résulter que d'une transformation de la société. [] Ce qui est en cause, ce n'est pas seulement l'organisation de l'université, c'est la place de la jeunesse dans la société capitaliste, c'est le capitalisme lui-même. (Applaudissements sur les mêmes bancs). [] Certes, les membres de votre gouvernement et vous-même avez tendance à confondre le capitalisme avec la civilisation avec la société en général. Cela est bien naturel puisque vous êtes les fondés de pouvoir de la grande bourgeoisie monopoliste. Mais c'est bien des aliénations engendrées par le capitalisme que la jeunesse étudiante souffre. Comme toutes les autres couches de la jeunesse, elle vit avec une acuité particulière le malheur de cette société. [] La jeunesse a le goût passionné du nouveau. Elle entre dans la vie active à une époque où la révolution scientifique et technique, le progrès du socialisme, l'essor du mouvement de libération nationale ouvrent des horizons d'une hauteur nouvelle. La jeunesse ne ressent que plus vivement, par contraste, l'absurdité du capitalisme. [] Les jeunes souffrent du gaspillage des ressources englouties par le pouvoir dans la course aux armaments au détriment de leur éducation, de leurs activités sportives et culturelles, de leur bonheur et de leur avenir. [] Les jeunes souffrent de l'exploitation capitaliste. Leurs salaires sont très inférieurs à ceux de leurs aînés et ils sont souvent scandaleusement bas. Il y a quelques semaines, votre majorité a encore rejeté notre proposition tendant à accorder aux jeunes une cinquième semaine de congés payés. [] Les jeunes souffrent des défauts du système d'éducation. Ils souffrent du chômage. Des dizaines de milliers de jeunes chôment avant d'avoir jamais eu d'emploi. De jeunes intellectuels sont jetés sur le marché du travail sans trouver d'emploi correspondant à la culture qu'ils ont acquise. [] C'est notamment à cause de cette préoccupation du métier qu'il est indispensable, pour cette année, de trouver au problème des examens des solutions qui permettront de donner sa sanction à l'année universitaire ou scolaire sans que la carrière ultérieure des nouveaux diplômés puisseêtre compromise. [] Nous proposons que les sessions soient reculées de plusieurs semaines, que les programmes et les matières d'examen soient sensiblement allégés. Les modalités de passage des divers examens doivent être fixées par accord entre enseignants et étudiants. Les examens d'antan ont vécu nouveaux modes de contrôle continu des connaissances doivent être recherchés pour les années suivantes. (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste. [] LES JEUNES BATIRONT [] AVEC LEURS AINES [] LA SOCIETE SOCIALISTE [] La majorité des jeunes souffrent de l'absence de réelles possibilités de promotion et de culture. "Ils veulent tout détruire", dit des jeunes M. le Premier ministre. Mais c'est le régime capitaliste qui s'acharne à détruire. Nous évoquions les risques de guerre atomique; depuis de nombreuses années les jeunes voient la plus grande puissance capitaliste du monde s'acharner contre le peuple vietnamien. [] Les jeunes en ont assez de subir cette société absurde. Dans leur masse, ils sont prêts à s'unir à leurs aînés, pourvu que ceux-ci comprennent leur temps et travaillent à ouvrir la voie d'un avenir neuf. (Applaudissements sur les mêmes bancs). [] C'est pourquoi les hommes au pouvoir cherchent à la fois à diviser la jeunesse et à opposer les générations, parce que vous ne craignez rien tant que la participation des jeunes aux luttes du mouvement ouvrier et démocratique. (Applaudissements sur les mêmes bancs). [] Comme il est naturel, les jeunes cherchent leur voie. Ils le font parfois avec hésitation, incertitude, et commettent des erreurs de temps à autre. Ainsi que le disait Paul Vaillant-Couturier à l'encontre des "jeteurs de mots" contre-révolutionnaires, "si l'on a bien retardé la pendule, on n'arrêtera pas le temps". Encore faut-il, avec les jeunes, "définir le sens de la révolution". [] "Ce n'est pas seulement, disait Karl Liebknecht, l'enthousiasme de son âge qui rend le mouvement de la jeunesse apte aux grandes actions; c'est la clarté et la solidité, c'est la pensée inflexible de la lutte des classes." [] C'est pourquoi nous rendons service à la jeunesse étudiante elle-même, comme à tous les travailleurs, quand nous les mettons en garde, aujourd'hui encore, contre les provocations et les aventures possibles. [] Les Communistes ne sont pas des anarchistes dont le programme tend à tout détruire sans rien construire. Ils ne luttent pas pour l'utopique disparition de toute société organisée et structurée. Ils luttent pour une société supérieure, le socialisme qui mettra fin à l'exploitation de l'homme par l'homme. (Applaudissements sur les mêmes bancs). [] POUR UNE DEMOCRATIE AUTHENTIQUE OUVRANT LA VOIE AU SOCIALISME [] Dans une première étape, correspondant aux possibilités actuelles de notre temps, le mouvement des masses populaires peut permettre d'en finir avec le pouvoir réactionnaire et d' instaurer une démocratie nouvelle où chacun participera [] activement à l'orientation et à la gestion de l'éco-nomie, à l'élaboration de la politique, à la création d'une culture vivante, à la réforme de l'éducation nationale comportant l'instauration d'une univer-sité démocratique et moderne. [] Sur ce dernier point, le Parti Communiste Français a élaboré et publié, il y a deux ans, un Projet d'ensemble pour la refonte de l'Education nationale. [] Nous préconisons une université de masse et de qualité opposée à l'actuelle université de classe. [] Nous suggérons un vaste effort portant à la fois sur les structures, le contenu, les moyens, le style de vie. [] Nous rattachons cette création à l'ensemble des propositions qui tendent, dans le contexte de réformeséconomiques et politiques et d'un plan de progrès social et culturel pour tous les jeunes, pour les travailleurs, à donner une dimension et des finalités nouvelles à l'enseignement. [] Cette démocratie permettra de satisfaire, dans leur ensemble, les justes revendications de la jeunesse et ses aspirations : droit au métier et à la formation de l'individu, du producteur, du citoyen, droit de vote à dix-huit ans, extension des droits des jeunes pour la gestion des affaires qui les concernent; diminution des crédits militaires, arrêt de la fabrication de la force de frappe; adoption d'un statut démocratique du soldat pour un service militaire de durée réduite; construction et fonctionnement démocratique de foyers, clubs et maisons de jeunes pour le sport, construction de tranches de logements et de foyers pour les jeunes travailleurs. [] Cette démocratie remplacera le vieux monde que vous vous obstinez à défendre. Elle ouvrira la voie au socialisme. [] ... NI REPLATRAGE DU GOUVERNEMENT GAULLISTE, NI ANARCHIE [] GOUVERNEMENT POPULAIRE ET D'UNION DEMOCRATIQUE! [] Les jeunes ne veulent pas être intégrés malgré eux dans un système dont on leur interdit de discuter le but et le sens. Ils constituent un potentiel considérable pour contribuer, avec toutes les forces ouvrières et démocratiques, au renouveau de notre pays. [] La fin du pouvoir gaulliste est une nécessité nationale, elle est une exigence démocratique. (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste). [] Quelle ignorance profonde, quelle imagination romanesque ou quel désir de provocation peu conduire M. Poujade à prétendre qu'un ,appareil" plus ou moins secret serait l'organisateur des grèves? En réalité, ce sont les travailleurs qui se rassemblent, delibèrent librement, usine par usine, établissement par établissement, école par école, qui décident de leur forme de lutte et font confiance a la C.G.T. et aux autres organisations syndicales. Ils agissent pour l'augmentation des salaires, la réduction du temps de travail, l'abrogation des ordonnances sur la sécurité sociale, la garantie de l'emploi, les libertés syndicales. [] Sept millions de grévistes sont dressés contre votre politique. Nous sommes avec eux. [] Pour que leurs revendications soient satisfaites, nous voterons la motion de censure. [] Nous ne sommes pas en train de préparer - comme le laissent entendre, en vue de susciter l'effroi et la division, les services de votre ministère de l'Intérieur - une insurrection. L'insinuer, comme l'a fait M. Poujade est un grossier mensonge et une calomnie. (Protestations sur les ,bancs de l'union des démocrates pour la V° République. - Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la fédération de la gauche démocrate et socialiste.) [] Nous ne sommes ni pour un replâtrage du gouvernement gaulliste, ni pour l'anarchie. Tout simplement, nous agissons pour la satisfaction immédiate des revendications essentielles des travailleurs manuels et intellectuels. Nous agissons pour substituer au pouvoir gaulliste le gouvernement populaire et d'union démocratique dont la France a besoin. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la fédération de la gauche démocrate et socialiste. - Exclamations sur les bancs de l'union des démocrates pour la V° République.) [] ADHÉREZ AU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS [] NOM et prénom : [] Age: [] Adresse: [] Profession et lieu de travail: [] Signature: [] Remettez ce bulletin au militant connu devous [!], ou adressez-le au Parti Communiste Français, 44, rue Le Peletier, Paris (9*). [] Lisez "L'HUMANITE", le seul quotidien qui combat ardemment DEPUIS LE PREMIER JOUR le pouvoir gaulliste pour l'instauration d'une démocratie véritable, étape vers le socialisme. [] Supplément à "L'HUMANITE" n° 7 385 du mercredi 22 mai 1968
Published:21.05.1968