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VOTER [] UTILE [] Victorieux le 27 avril, le « NON » a contraint le général de Gaulle à la retraite. C´est un événement d'importance, mais ce n´est pourtant qu'une étape dans le combat pour une politique nouvelle, pour l´instauration d'une démocratie avancée dans notre pays. De Gaulle parti, la grande bourgeoisie financière dont il incarnait la domination conserve sa puissance et ses privilèges. [] Les travailleurs et l´ensemble des démocrates, qui ont assuré pour l´essentiel la défaite du parti gaulliste, se préoccupent à bon droit de consolider leur succès en donnant, le 1er juin, le maximum d'efficacité à leur vote. Il est normal que les privilégiés, de leur côté, s'emploient à prendre leur revanche en frustrant le peuple de sa victoire. [] Le moyen le plus simple, pour eux, serait l´élection de Pompidou, qui a fait ses preuves tant à la direction de la banque Rothschild qu'au poste de Premier ministre qu'il occupa pendant six ans. Mais la malfaisance du personnage est trop récente et trop criante pour avoir été oubliée. Il a beau affirmer qu'il ne copiera pas son prédécesseur et maître, maints potentats capitalistes redoutent qu'il ne parvienne pas à duper la majorité des Français. D'où la tentative, admirablement orchestrée, de canaliser la volonté populaire de changement, en cas de besoin, vers une autre candidature tout aussi rétrograde, celle de Poher. [] Poher, l'homme du M.R.P. de naguère et du « Centre" d'aujourd'hui, a l'avantage d'être moins, marqué que Pompidou. Il n'est plus ministre depuis belle lurette et il n'a jamais été Premier ministre, de sorte que les générations nouvelles ne l´ont jamais connu et que les autres l'ont oublié. Mais nous mettons quiconque au défi de citer, dans l'histoire des vingt années écoulées, une seule mesure antisociale qui n´ait été votée ou approuvée par lui. [] Les deux politiciens représentent deux formes tellement proches d'une même politique réactionnaire qu'aucun d'eux n'a encore réussi, dans l'énoncé de son programme, a se différencier de l'autre. [] Et voici pourtant que tous les moyens de la propagande "capitaliste - presse écrite et parlée, organismes de sondages et autres - sont mobilisés à outrance pour m ettre les citoyens en condition, pour les convaincre que l´élection présidentielle devrait se jouer entre Poher et Pompidou, que la seule façon de voter utile consisterait à choisir entre ces deux visages de la réaction. [] La classe dominante rêve, semble-t-il, d'importer en France la pratique politique amé-ricaine. Aux Etats-Unis, deux partis capitalistes, séparés par des appétits personnels et par des contradictions subalternes, mais défendant l´un et l'autre les milliardaires, se relaient éternellement au pouvoir. Tous les quatre ans ou tous les huit ans, le pays fatigué du parti qui gouverne donne la préférence à l'autre, et ainsi de suite. En 1958, le M.R.P. Pflimlin, qui présidait un gouvernement français antidémocratique et discrédité, dut céder la place à de Gaulle; et l´on nous parle, onze ans plus tard, de remplacer de Gaulle par Poher, du méme parti que Pflimlin ! [] Il faut regretter que le Parti Socialiste ait rendu cette comédie possible en refusant toute discussion sur l'établissement d'un programme commun entre toutes les formations de gauche et en désignant unilatéralement un candidat en la personne de Defferre. Mais son entreprise de division ne change rien au fond du problème. [] Il s´agit de savoir si l'élection du mois prochain prolongera le pouvoir de la finance avec un nouveau président réactionnaire ou si elle fera surgir des conditions propices au rassemblement des travailleurs manuels et intellectuels pour en finir avec ce pouvoir et pour promouvoir une véritable relève démocratique. Ce problème ne se pose pas seulement aux communistes, mais à tous ceux et celles qui aspirent au renouveau. [] Choisir entre Pompidou et Poher, c'est voter pour que ça continue, autrement dit perdre sa voix. [] Un seul candidat préconise un changement réel d'orientation politique et l'union nécessaire pour y aboutir; ce candidat est Jacques Duclos. [] Chaque suffrage en faveur de Jacques Duclos exprimera l'exigence unitaire d'un Français ou d'une Française et sa volonté d'aller de l'avant. Mais c'est des millions et des millions de voix qui affirmeront sur son nom, dès le premier tour, cette volonté et cette exigence, et qui pèseront ainsi de tout leur poids pour faire céder les obstacles qui retardent encore l'union. [] Il n'y a donc qu'une façon de voter utile, c'est de voter pour Jacques Duclos. [] Plus il aura de voix, moins il sera difficile de venir à bout de la division et, du même coup, de la réaction quel que soit son masque. Qui pourrait dès lors hésiter, parmi les travailleurs et les démocrates, sur le vote qu'il faut émettre afin d'agir sur le présent et de préparer l'avenir! [] Etienne FAJON [] Membre du Bureau Politique du Parti Communiste Français [] Directeur de l'Humanité. [] J´ADHERE AU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS [] Nom: [] Prénom: [] Age: [] Profession: [] Adresse: [] Entreprise et lieu de travail: [] Date: [] Signature: [] Envoyer ce bulletin à la Fédération de Paris du Parti Communiste, 120, rue La Fayette, Paris-10. [] S.G.P. - Paris.
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