Assemblée générale des C.A. du 2 juin 1968

Bemerkungen: [] = Absatzmarken im Volltext des Originals; ASSEMBLEE GENERALE DES C.A. DU 2 JUIN 1968 [] L'assemblée qui était sensée n'être constituée que de délégués dé C.A., du Mouvement du 22 Mars et de C.A. autonomes, avait néanmoins rempli dès 21 h. le grand amphithéâtre de la Sorbonn...

Full description

Bibliographic Details
Institution:Archiv der sozialen Demokratie (AdsD)
Format: IMAGE
Language:French
Published: 02.06.1968
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/11088/44D1A00A-D864-4ECF-8FCB-0DBBB9AEBB02
Description
Summary:Bemerkungen: [] = Absatzmarken im Volltext des Originals; ASSEMBLEE GENERALE DES C.A. DU 2 JUIN 1968 [] L'assemblée qui était sensée n'être constituée que de délégués dé C.A., du Mouvement du 22 Mars et de C.A. autonomes, avait néanmoins rempli dès 21 h. le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Elle s'est déroulée dans un climat passionnel qui rendit à plusieurs reprises les débats houleux et cnfus [!]. D' entrée la discussion sur l'ordre du jour fut longue et animée avant de tomber d'accord sur la répartition suivante: [] 1. Discussion et adoption d'un texte présenté par le Mouvement du 22 Mars et 30 C.A. qui s'étaient joints à lui, destiné à l'élaboration de mesures d'urgence à prendre pour endiguer le mouvement de reprise du travail prévu pour mardi 4. [] 2. Discussion et adoption d'un texte de plateforme [!] politique commune aux C.A. [] 3. Vote d'un organe de coordination et désignation des responsables. [] Création d'un axe commun d'autodéfense [] Un délégué du 22 Mars présenta un projet en trois points élaborés chacun par une commission particulière [] Commission Affiche - Tract [] Commission Centre d'information [] Commission permanences de défense [] Face aux S.A.C., aux C.R.S., aux barbouzes, face aux campagnes de presse face à l'action psychologique du Gouvernement qui tend à faire croire que la paix sociale sera rétablie dès mardi, nous devons élaborer un axe commun de défense des entreprises et de la population, car ce sont non seulement les usines ou les facultés, mais encore la population que le gouvernement tente de se réapproprier. [] 1. Il nous est nécessaire d'être informés en permanence sur la situation des entreprises, sur les reprises et les débrayages afin de connaître et de faire connaître la position exacte du front du travail. Un central téléphonique (LIT 50.01) est d'ores et déjà prêt sur lequel nous pourrons recevoir et rediffuser toutes informations sur ce sujet. Nous rédigerons également quotidiennement un tract d'information qui sortira les grévistes de l'isolement dans lequel le gouvernement tente de les enfermer, et donnera au grand public la notion véritable de l'ampleur de notre lutte. [] D'autre part ce central permettra d´organiser la lutte contre les fordes de l'ordre et les jaunes en mobilisant rapidement et en amenant sur place dans les meilleurs délais les groupes d'intervention que nous devons créer. [] 2. Nous devons créer des permanences de défense dans lesquelles les militants pourraient se tenir prêts à toute intervention Pour prêter main forte aux piquets de grève, s'interposer entre les travailleurs et le service d'ordre ou manifester en soutien des grévistes. Il faudrait constituer un minimum de 10 groupes d'intervention rapide dont la répartition pourrait être calquée sur celle des districts de C.A. [] AG/CA [] 3. Nous avons rédigé un texte d'affiche et de tract que nous diffuserons d'une façon massive pour proclamer clairement les motifs et la détermination de notre lutte. [] Le projet a été adopté par un vote à main levée à la quasi unanimité. Après ce vote, la question de la signature de l'affiche et du tract a été soulevée par un délégué de district. Une vive controverse a monté les uns contre les autres les partisans d'une signature unique "les Comités d'Action de la Région Parisienne" et les groupes ayant participé à la rédaction de ce texte. Ces derniers, désireux pour leur part de conserver une certaine distance par rapport aux C.A. et conscients de leurs propres originalités, proposaient d'y apposer chacun leur signature en compagnie de celle des C.A. Les "mouvements divers" et les rumeurs qui s'ensuivirent confinèrent au chahut pur et simple. Ils furent un instant clamés par l'arrivé au micro de Barjonet qui déclara en substance: [] "Je considère que l'action telle qu'elle est engagée est en elle-même une action politique ... elle doit empêcher la C.G.T. et le Parti non plus que le gouvernement de faire pression... il y a des reprises, certes, mais nous sommes tous déterminés à la lutte. La situation est encore révolutionnaire. Nous sommes en face d'une tentative d'intoxication. Les C.A. doivent forder les partis et les syndicats à respecter la volonté de leurs militants un certain nombre d´ailleurs font partie de C.A. comme ils doivent résister face au Gouvernement. Quelle que soit leur composition, les C.A. doivent s'unifier et conserver leur indépendance." [] Quelques instants plue tard, l'ordre n'étant toujours pas rétabli, Geismar prit à son tour la parole en ces termes: [] ¦Il est souhaitable que l´ unification des comités de base soit réalisée mais il ne faut pas se mystifier sur cette signature alors que les comités de base ne sont pas encore unifiés... Signer en commun serait un symbole mais nous le ferons ce soir si nous nous sentons unis.3 [!] [] Le brouhaha reprend de plus belle jusqu'à un moment paroxismique où un représentant d'un C.A. de quartier ayant entendu qu'on le considérait comme "anti-unitaire" décida ainsi que son groupe de se retirer de la discussion. Le Mouvement du 22 Mars quant à lui indiqua qu'il allait délibérer sur l'attitude à adopter en cette circonstance. Il est à peu près 2-3 heures. La salle se calme, on aborde le deuxième problème de la soirée: [] Plateforme politique commune [] Un texte avait été communiqué par le groupe de coordination à tous les C.A. qui étaient invités à le discuter entre eux et présenter des amendements: [] "La lutte des étudiants, en s'attaquant de front, directement, au pouvoir lui-même a permis de débloquer une situation politique qui, malgré le caractère difficile de la conjoncture économique (cf. les mouvements de CAEN, le MANS, REDON) suivait le rythme de la vie politique traditionnelle et parlementaire avec ses défilés, ses pétitions, ses motions de censure et ses campagnes électorales. [] Mais la lutte des étudiants contre la répression n'est qu'un aspect de la lutte frontale menée par l'ensemble des travailleurs pour les structures sociales et économiques de la société capitaliste. [] Ce n'est pas par des commissions TOUTEE et GREGOIRE ou au Conseil Economique et Social que les ouvriers lancent la lutte mais en occupant tous les lieux de travail. [] AG/CA [] C'est par la lutte directe violente s'il le faut, contre toutes les formes de la répression, de l'embrigadement, de la collaboration des classes. [] Ces luttes ont montré que c'est à un niveau politique d'ensemble, offrant des perspectives radicalement nouvelles que les couches moyennes et l'ensemble des travailleurs peuvent être gagnés et non par une action se limitant aux divers mots d'ordre purement revendicatifs de ces couches sociales. [] "Le mouvement d'occupation d'usines, déclenché spontanément par les ouvriers, témoigne de la combativité des travailleurs, particulièrement des jeunes. Les légitimes revendications des travailleurs ne peuvent en aucun cas être toutes satisfaites par un pouvoir bourgeois. [] Le problème posé aujourd'hui est de ce fait le renversement de ce pouvoir. [] Nous ne saurions accepter dans un tel rapport de forces la capitulation des directives syndicales qui, en préconisant la négociation avec le gouvernement gaulliste en légitiment l'existence. [] Les accords conclus entre les directions syndicales sont, de plus, en retrait total par rapport aux revendications mises en avant dans les usines mêmes par les ouvriers. La critique des directions syndicales n'implique pas la de l'organisation en syndicats mais seulement: [] - la nécessité du contrôle effectif des directions par les travailleurs. [] - l'insuffisance de ce type d'organisation pour répondre à la situation de crise au pouvoir. [] "Les comités d'action ne sont pas un parti politique, mais un mouvement regroupant des militants d'origines politiques et syndicales diverses. Ils sont issus du mouvement unitaire actuel ou l'esprit sectaire et bureaucratique a été exclu et où la plus grande démocratie doit exister. Les comités d'action sont l'expression sur le plan politique du besoin démocratique fondamental des masses qui s'expriment aujourd'hui. [] "Pour renforcer l'efficacité de leur intervention politique, les comités adoptent pour base l'accord minimum suivant: [] 1. Le refus du régime gaulliste et de tout autre gouvernement bourgeois pour l'instauration d'un pouvoir des travailleurs. [] 2. Compte tenu de la mobilisation généralisé et de la combativité de la classe ouvrière et des étudiants, le refus de tout accord: [] - Remettant en selle le régime gaulliste et le pouvoir patronal ébranlés par la lutte des travailleurs et des étudiants; [] - Ne comportant aucune garantie sérieuse contre les retours en arrière; [] - Abandonnant une des revendications tenues pour essentielles par les travailleurs; [] - Opéré secteur par secteur ou entreprise par entreprise. [] 3. L'importance accordée aux formes de lutte extra-parlementaire comme élément décisif de toute victoire et particulièrement l'affirmation combattante de la volonté des ouvriers, des étudiants, des paysans, de l'ensemble des travailleurs, dans la rue ainsi que la grève générale avec occupation des usines, organisées par les travailleurs en instrument actif de lutte au service des grévistes; [] 4. Le regroupement et la coordination en comités d'action implantés dans les usines, les quartiers, les locaux scolaires et universitaires, des militants syndiqués et non syndiqués, dans un même combat engagés, combat anti-capitaliste; [] AG/CA [] 5. Les comités d'action visent non à jouer le rôle électoral où parlementaire comme visent à le faire les partis traditionnels, mais à favoriser la mise en place par les travailleurs d´organismes de combat contre le pouvoir capitaliste, du type comités de grève élus par les assemblées du travailleurs; [] 6. L'organisation de la résistance à la répression témoignent de notre refus de plier devant les tentatives du pouvoir de liquider les grèves les mouvements de masse ou les militants eux-mêmes; [] 7. La solidarité active avec les travailleurs et (étudiants étrangers en FRANCE, particulièrement visés par la répression; [] 8. La nécessité d'une coordination nationale des comités d'action respectant leur autonomie, par conséquence la nécessité de définir les objectifs et les moyens. En ce sens propositions: [] a) A partir des revendications effectivement mises en avant par les travailleurs faire apparaître le caractère politique de leur lutte qui tend au renversement au pouvoir capitaliste. [] b)Participation active à la lutte contre le pouvoir, notamment: [] - Favoriser les liaisons directes entre comités de grève; [] - Assurer l'information d'entreprise à entreprise et à la population en faisant connaître les décisions des travailleurs en grève; [] - Collaborer activement à une éventuelle prise en charge des moyens de production par les travailleurs pour un renforcement de la lutte. [] - Combattre l'action d'intoxication exercéeauprès [!] de la population par les forces capitalistes à travers la presse écrite et parlée et susciter les manifestations de solidarité. [] "Le mouvement des comités d'action, en assemblée de délégués ou en comités de coordination, pourra appeler à des actions et manifestations. [] Chaque comité d'action décidera lui-même de s'associer ou non à ces initiatives politiques parisiennes ou nationales." [] Des responsables de districts et des délégués de C.A. nombreux prirent la parole dans une ambiance de "foire aux mots d'ordres" s'interpellant sur le ton de marayeurs. Quelques amendements mineurs sont proposés, mais il ressort que l'accord pourra intervenir sur le fond. - A 23 heures la salle s'était vidée d'un quart, et le Président de la séance quittait ses fonctions. A 23 h. 30, 1/3 des assistants étaient partis. [] 20 minutes plus tard il n'y avait plus que la moitié des congressistes. [] Le Président demande alors le vote de la plateforme [] l'élection d´une commission d'amendement [] l'élection d'une direction au mouvement. [] Les remous sont de plus en plus incontrôlables, l'estrade est envahie et le Président se voit arracher le micro puis destituer par le délégué, qui s'en est emparé. [] Le nouveau Président (c'est le troisième) réussit néanmoins à faire voter la plateforme généralement adopté comme "canevas". Les rédacteurs des amendements devant se réunir ultérieurement pour en établir, le texte définitif, on en arrivait enfin à la dernière phase de cette A.G. [] Vote d'un organe de coordination [] La salle étant de plus en plus clairsemée et agitée, il fut finalement décidé que ce comité de coordination serait composé de deux délégués par district existant, deux délégués par district à créer, deux pour les C.A. étudiants ainsi que pour les comités par activité. [] Séance levée à 24 heures 15.
Published:02.06.1968