Appel

Bemerkungen: [] = Absatzmarken im Volltext des Originals; Appel [] Depuis le vendredi 3 mai, des dizaines de milliers d'étudiants, de lycéens, d'enseignants, de jeunes travailleurs ont engagé un combat de nature nouvelle, dans la rue comme dans les facultés. [] Partis de la mise en cause,...

Full description

Bibliographic Details
Main Authors: Coordination des Comités d'Action, Grandes Imprimeries, Paris
Institution:Archiv der sozialen Demokratie (AdsD)
Format: IMAGE
Language:French
Published: 05.1968
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/11088/35993294-8C31-4F79-818F-3C04AA4204B5
Description
Summary:Bemerkungen: [] = Absatzmarken im Volltext des Originals; Appel [] Depuis le vendredi 3 mai, des dizaines de milliers d'étudiants, de lycéens, d'enseignants, de jeunes travailleurs ont engagé un combat de nature nouvelle, dans la rue comme dans les facultés. [] Partis de la mise en cause, à la Faculté de Nanterre, par des méthodes d'action directe, du contenu et des méthodes de l'Université bourgeoise, le mouvement se pose aujourd'hui la question du renversement du régime gaulliste. [] COMMENT EN EST-ON ARRIVE LA ? [] La lame de fond provoquée par la tentative du gouvernement et des autorités universitaires françaises de briser par la force l'agitation qui se développait lentement, a des causes qu'il importe de rechercher et de comprendre. La résistance et l'esprit combattif des étudiants ont provoqué une sorte d'enthousiasme en faveur des gens qui osaient résister aux CRS, gardes mobiles et autres policiers. Certes, les travailleurs furent émus par la brutalité de la répression policière, mais c'est le fait de voir les étudiants ne pas se comporter comme des moutons et résister en se battant qui constitua le fait nouveau. Dès le lundi 6, en fin de journée, on vit des jeunes travailleurs commencer à venir se battre avec les étudiants. La ranc_ur, la colère froide provoquées depuis des années par les brimades policières, les vexations journalières ont explosé. La répression antigrèves, les CRS dans les usines, les razzias flicaillères contre les jeunes de banlieue, toutes les manifestations quotidiennes d'un Etat largement fondé sur la puissance de ses polices, tout cela a resurgi. Brusquement libérées par l'annonce du combat, des énergies nombreuses sont venues se joindre aux étudiants «contre les flics». Dans la multitude des points d'attaque possible contre un régime vieux de dix ans, symbole à la fois de tout le conservatisme de la bourgeoisie française et des tentatives faites en son sein pour « moderniser » l'exploitation des travailleurs, c'est la haine de la police, la haine de la [] répression qui fut le moteur principal de l'action. Leçon à méditer! [] L'INCERTITUDE DU MOMENT [] 3000 le 3 mai, 15000 le 6, 40000 le 7, plus de 10000 derrière les barricades le 10, nous étions plus d'un million le 13 mai pour la grève générale, Et pourtant ... Depuis le 13 mai il y a un malaise qui s'amplifie. Les mots « enterrement » (du mouvement) « récupération » (par les partis parlementaires) sont constamment prononcés. Beaucoup craignent que l'appui tardif et réservé qui nous a été donné par les directions des centrales ouvrières ne soit un appui empoisonné. On a occupé les Facs, occupé la Sorbonne, mais rien n'est réglé pour autant et Pompidou joue au « sauveur-retour-des-pays-lointains ». [] Cette période d'incertitude est la conséquence naturelle des deux caractéristiques essentielles du mouvement : son inorganisation et sa faiblesse programmatique. En même temps qu'ils nous garantissent contre la sclérose de pensée et le sectarisme de bien des groupes d'extrême-gauche, ces deuxéléments risquent de conduire l'ensemble du mouvement à l'enlisement si on n'y prend garde. [] DEUX COURANTS [] Deux courants se dégagent, en effet, des multiples discussions de ces trois derniers jours. D'un côté, ceux qui veulent profiter de la « crise universitaire » pour faire opérer par le gouvernement en place des « réformes universitaires ». Ce sont souvent les mêmes qui s'accommoderaient facilement de voir l'occupation de la Sorbonne tourner au dérisoire folklore d'antan. De l'autre côté, ceux qui, la semaine des barricades, ont fait resurgir l'espérance de l'action révolutionnaire. Ceux-là veulent le, renversement du régime plus que la « cogestion de l´Université », l'alliance avec les ouvriers plus que l'alliance avec les « grands profs » qui hier se déclaraient nos ennemis et se font aujourd'hui doucereux. L'occupation de la Rhodiacetà, mardi matin, celle de Sud-Aviation à Nantes, aujourd'hui, montrent la voie. [] Il ne s'agit pas d'opposer schématiquement toutes les revendications universitaires et des revendications politiques générales. Toutes sont légitimes et nécessaires. Il s'agit de hiérarchiser leur importance. [] LA POLITIQUE AU PREMIER RANG [] Les deux mêmes courants se dégagent à propos du lieu de l'action, D'un côté, ceux qui acceptent de s'enfoncer dans les facultés pour y reprendre une « vie normale améliorée ». De l'autre, ceux qui veulent transformer nos facultés reconquises en base d'action tournée vers l'extérieur. Contre les flics, il fallait dire « La Sorbonne aux étudiants ». Maintenant que nous l'avons il faut crier « La Sorbonne aux travailleurs ». Nous devons utiliser nos facultés conquises comme la base rouge où s´organise le mouvement, d'où partent les groupes de propagande vers la banlieue et les quartiers populaires, où se dresse journellement le bilan de la lutte. Maintenant il faut [] ALLER VERS LA CLASSE OUVRIERE [] Non pas pour l'organiser nous-même, mais pour profiter de l'audience que nous a donné notre courage et expliquer la nécessité de renverser le régime. Dans les banlieues nous devons aller rétablir la vérité sur notre lutte, dire pourquoi nous sommes contre le capitalisme. Nous devons aussi aller y apprendre la vérité concrète de ce que nous ne savons que par des livres : l'exploitation du travail. Maintenant enfin, il faut aller reprendre la rue, car c'est là que l'affrontement a lieu et que se fait la jonction avec les travailleurs. [] LA SORBONNE EST NOTRE BASE, CE N'EST PAS LE TERRAIN DE COMBAT [] Trois courants s'expriment sur la question de l'organisation. Les premiers entendent ne profiter de la situation que pour renforcer leur propre groupe sans se rendre compte que si la masse refuse d'y entrer ce n'est pas uniquement en raison de sa faible politisation, mais parce qu'elle refuse leurs querelles sectaires, ou leurs parlementarisme opportuniste. D'autres proposent d'organiser le moins possible de façon à garder au mouvement sa spontanéité créatrice. Ces camarades se trompent aussi car ils ne comprennent pas que s'il est possible de s'organiser spontanément à 500 pour faire une barricade, il est totalement impossible de renverser le régime avec les mêmes moyens. Il faut s'organiser à la base, dans l'action, pour l'action. [] PARTOUT DES COMITES D'ACTION [] Leur forme peut être diverse : la base disciplinaire, la base de petits quartiers, la base de lieu de travail, etc. Mais ils ont en commun ceci : ce sont des unités de faible dimension : de 10 à 30 personnes, car s'ils sont faits pour la discussion, ils sont surtout faits pour l'action. Quand il y a une assemblée de 200 personnes, scindez-la en 10 Comités! [] - Chaque Comité se réunit tous les un ou deux jours. [] - Chaque Comité envoie un délégué à la Réunion journalière de Coordination, à 14 heures, à la Sorbonne, escalier C, 1er étage (à 18 heures; pour ceux qui ne peuvent pas à 14 heures). [] - Chaque Comité prend contact avec les Comités voisins (par exemple : tous les Comité XVe ou tous les Comité « Instituteurs » ou tous les Comités « Sciences », etc.) pour établir une coordination intermédiaire. [] - Chaque Comité réalise sa propre initiative et la signe. [] - Chaque Comité donne son avis sur la marche à suivre et l'affiche. [] - Un isolé n'attend pas qu'on lui donne des consignes : il regroupe des camarades, puis prend contact avec la Coordination. [] - Les membres des Comités participent aux débats dans les amphis, dans les commissions, etc., mais ils ne confondent pas cela avec la participation à leur Comité, Ces débats ont pour fonction l'élévation du niveau général de prise de conscience par la discussion, sans tabous, sur tous les sujets, mais c'est tout, ils ne sont pas le lieu de l'organisation pour l'action. [] NON AU REFORMISME UNIVERSITAIRE ET AU FOLKLORE APOLITIQUE [] OUVRONS LA VOIE DE LA CONTESTATION REVOLUTIONNAIRE DU REGIME. [] La Coordination des Comités d'Action. [] Ecrire à Sonia CREUZOT, 12, rue Notre-Dame-des-Champs, PARIS (6e). [] Grandes Imprimeries « Paris Centre » [] 142, rue Montmartre [] Paris (2e)
Published:05.1968