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DOCUMENT: [] Pour des raisons de sécurité, nous tenons à sauvegarder l´anonymat de ce témoignage, dont les "Etats Généraux du Cinéma" possèdent les références et garantissent l'authenticité. [] J´ai été arrêtée par des C.R.S. le vendredi 24 mai à minuit. J'étais à bord d´une voiture Croix-Bleue. J'aidais une infirmière à évacuer des blessés dans les hôpitaux. J'étais donc infirmière bénévole. [] Nous avons été amenés au poste de police de la rue de Grenelle. Là, on nous a mis dans une cage grillagée. Nous avons attendu quatre heures. De temps en temps les C.R.S. apportaient des blessés qu'ils rouaient de coups. Puis un car nous a emmenés à Beaujon. Le gendarme qui était dans le car nous conseilla de descendre vite une fois arrivés et de mettre les mains sur la tête. [] BEAUJON, c'est un centre de triage. Nous descendons du car : matraquage, puis entre deux rangées de C.R.S. j'arrive dans un stade entouré de barbelés. J´attends debout sous la pluie. De temps en temps des cars de C.R.S. déversent hommes et femmes matraqués, gazés, ayant des blessures très graves à la tête, des bras cassés, etc... Les Chinois ou Vietnamiens, et les Noirs sont particulièrement traités avec grande violence. Puis on nous fait passer dans des salles, une à une, un à un. Un C.R.S. m´interpelle "Bouclette, viens ici que je te rase". Matraque. Un gradé intervient, mais la jeune fille qui est avant moi a les cheveux coupés en tous sens. Puis je suis parquée dans une cellule de 2,50m sur 6. Au bout de cinq heures, nous sommes quatre vingts. Nous pouvons seulement nous tenir debout. [] Depuis la Grille, je peux voir la cour : un jeune homme passe à moitié nu, il à les jambes lacérées de coups de matraque, il saigne, il se tient le bas ventre, il urine partout. Un policier se vante de ce qui lui est arrivé. J´apprends par une jeune fille qui était avec lui que les C.R.S. l´ont matraqué jusqu'à l'évanouissement, puis l´ont déshabillé en lui matraquant le sexe jusqu'à ce que les chaires éclatent. [] Des jeunes filles arrivent, parmi elles, une jeune lycéenne de 16 ans nous raconte qu'elle s´est faite arrêtée à Saint-Michel par des C.R.S. Ils l'ont conduite dans leur car, et là, à 4 ils l´ont violée ; elle me dit qu'elle s´est laissée faire, sinon, ils l'auraient matraquée et tondue. Ses vêtement sont déchirés, elle est tuméfiée. [] Une autre crie car elle a un doigt cassé, elle devra attendre 18 heures avant d´être soignée dans un hôpital, puis ramenée dans la cellule. [] De nouveau des arrivages. Tous sont matraqués violemment à leur arrivée, beaucoup ont de graves blessures à la tête et saignent et boîtent. Vers douze heures nous avons droit à un bout de pain et de jambon et un peu d'eau salée. Les C.R.S. qui se relaient pour nous garder nous humilient. [] D´autres jeunes filles arrivent, elles sont tuméfiées, elles sont restées enfermées quatre heures dans les cars, les C.R.S. jetant à l´intérieur des car des grenades lacrymogènes pour les asphyxier. Dans la cellule une femme enceinte a été matraquée. Au bout de 25 heures nous avons des crises de nerf, je fais partie de celles-là. On nous libère et on nous matraque à la sortie. Dans le champ de barbelé, il y a encore de nombreux arrêtés qui sont là depuis 25 heures. Je ne sais pas quand ceux-là vont sortir. [] Nous soussignés, certifions, connaître la personne qui vient de signer ce document, et déclarons qu'il s´agit d'une personne dont l'honorabilité, le sang froid et la respectabilité sont au delà de toute mise en question. [] Pierre KAST - Louis MALLE - Jean-Daniel POLLET - Jacques BARATIER - Claude CHABROL - Paul PAVICT - Jacques DONIOL VALCRCZE -Jean ROZIER - Robert ENRICO [] Repubier le Ier Juin 1968 par la : [] COMMISSION D'ENQUETE (centre de la Sorbonne) TEL : ODE 24-13 poste 472 [] Vous tous qui avez subit la répression policière, vous qui avez des témoignages à nous apporter, des documents à nous montrer ou à nous faire entendre, venez nous voir dans un des centres de la Commission d'Enquête, soit à la Faculté des Sciences de Paris, quai Saint-Bernard, soit à Censier, soit 6, rue Lalande, soit à la Sorbonne (à gauche de la Chapelle).
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