Summary: | La notion d'action collective traverse de nombreux champs allant du politique au culturel et elle connaît aujourd'hui un regain d'intérêt. Ces orientations sont loin d'être nouvelles. Beaucoup d'historiens et de praticiens soulignent qu'elles constituent le socle même de l'éducation populaire et le point de départ de la professionnalisation du travail social au cours du XXe siècle. Dès la fin du XIXe siècle, face aux grands problèmes sociaux de l'époque, on a observé l'action de pionniers et pionnières créant un travail social ouvert, collectif et communautaire contribuant activement à la transformation sociale. Leur ambition a été de réduire les barrières entre les classes sociales et il semble qu'ils ont bien réussi à favoriser cette transformation du tissu social observable au début du XXe siècle. Après ce rappel historique montrant des actions collectives, retraçant le temps des élans à caractère philanthropique et volontaire au début du siècle, ce numéro se centre ensuite sur le développement des approches collectives actuelles tant dans divers pays qu'en France. Même si les formes ont fortement différé selon les époques, le fil conducteur de l'intervention pour des groupes de population et les habitants inscrits dans des territoires, dans une orientation de changement social, est resté fortement présent. La richesse de cette histoire permet de soulever des interrogations actuelles. L'action collective est-elle devenue un processus marginal par rapport au processus de professionnalisation du travail social ou constitue-t-elle un socle incontournable tant du point de vue politique que de celui de la construction du lien social ? Le travail social actuel peut-il s'inspirer de la force des réseaux, si manifestes à travers tous les exemples cités, ou est-il de plus en plus enfermé dans une contrainte d'action personnalisée par les textes législatifs de la politique sociale ? Les différentes approches monographiques, biographiques et comparatives présentées ici constituent autant de pistes, même s'il ne s'agit que de fragments d'histoire, pour nourrir un travail qui a toujours été situé au centre de la revue Vie Sociale.
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